Au 67ème jour de la guerre entre Israël et le Hamas, l’armée israélienne intensifie ses opérations dans la bande de Gaza. Dans la nuit, le mouvement palestinien a fait état de violents affrontements dans le centre de l’enclave, et l’agence l’agence palestinienne Wafa a rapporté 12 morts et des «dizaines» de blessés dans un raid aérien à Rafah.
De nombreuses frappes avaient ciblé lundi les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, où se massent désormais des dizaines de milliers de personnes tentant de fuir les bombardements israéliens.
Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, et environ 240 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, incluant 137 qui sont toujours en captivité.
D’après le ministère de la Santé de l’administration du Hamas, plus de 18.200 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens à Gaza, en grande majorité des civils, à 70% des femmes et des enfants. En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, 265 Palestiniens ont été tués par des soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre selon l’Autorité palestinienne.
Situation humanitaire «apocalyptique»
La situation dans la bande de Gaza est «apocalyptique», a averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pour qui le niveau de destruction dans le territoire palestinien est «plus ou moins, voire supérieur» à celui de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale.
Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population. «De plus en plus de personnes n’ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours... Les gens manquent de tout», estime le directeur de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), les déplacés à Rafah «sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des abris». «Il n’y a pas d’hygiène, pas de nourriture, pas d’eau... Nous n’avons pas accès à des serviettes hygiéniques; nous devons utiliser des chiffons», déplore sur place Samar Shalhoub, 18 ans.
«Nous sommes allés de Gaza jusqu’à Khan Younès puis nous avons été déplacés jusqu’à Rafah. Cette nuit, ils ont bombardé la maison et l’ont détruite. Ils avaient dit que Rafah serait un endroit sûr. Il n’y a pas d’endroit sûr», a dit à l’AFP Oum Mohammed al-Jabri, 56 ans, qui a perdu sept de ses 11 enfants dans ces bombardements.
Réunion de l’Assemblée générale de l’ONU
L’ONU et des organisations humanitaires ont exhorté Israël à laisser entrer davantage d’aide dans la bande de Gaza. Lundi soir, l’armée israélienne a annoncé la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l’inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le terminal de Rafah, une mesure qui devrait «doubler» selon elle l’entrée d’aide.
Cette mesure intervient avant une réunion spéciale, ce mardi, de l’Assemblée générale de l’ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le véto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un «cessez-le-feu humanitaire». L’Assemblée, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait à nouveau se prononcer sur une résolution appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» et à la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages.
Les États-Unis ont déjà prévenu qu’ils ne soutiendraient que «des pauses humanitaires», terme utilisé fin novembre pour décrire la trêve d’une semaine à Gaza, qui avait permis l’entrée de plus d’aide et la libération d’otages et de prisonniers palestiniens en Israël.
Attaque en mer Rouge
La guerre à Gaza continue d’accroître les tensions dans la région, notamment en mer Rouge, le long de la frontière libano-israélienne, voire en Syrie et en Irak. Un missile tiré depuis les zones contrôlées par les rebelles Houthis a touché le pétrolier-chimiquier Strinda, battant pavillon norvégien, au large des côtés du Yémen sans faire de victime, a indiqué dans la nuit l’armée américaine.
Les Houthis avaient menacé samedi d’attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d’urgence. Et une frégate française avait abattu dans la foulée deux drones provenant des zones du Yémen sous contrôle des Houthis.