Après quatre mois de guerre, les violences se concentrent sur le sud de la bande de Gaza assiégée et dévastée, entre la ville de Khan Younès, où l’armée israélienne a annoncé jeudi mener une «opération ciblée» dans l’hôpital Nasser, qui abritait des milliers de déplacés, et celle de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, où se réfugient près d’un million et de demi de Palestiniens, dont la majorité a fui les bombardements israéliens ailleurs dans le territoire palestinien.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, à travers la bande de Gaza, 112 personnes ont été tuées par les bombardements de l’armée israélienne, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Ce dernier a affirmé vendredi craindre pour la vie de six patients en soins intensifs et de trois nourrissons dans la maternité de l’hôpital par manque d’oxygène, après la destruction des générateurs électriques.
Lors d’un appel téléphonique, le président américain Joe Biden a réitéré au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu son opposition à une opération militaire à Rafah «sans un plan crédible et réalisable assurant la sécurité des civils à Rafah», selon la Maison Blanche. M. Netanyahu avait annoncé une «action puissante» contre Rafah, mais assuré que son armée permettrait auparavant aux civils «de quitter les zones de combat», sans expliquer comment ni vers quelle destination.
Environ 1,4 million de personnes, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, s’entassent à Rafah, transformée en gigantesque campement. «Plus de la moitié de la population gazaouie s’entasse dans moins de 20% de la bande de Gaza», résume l’ONU. Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Égypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée par la famine et les épidémies et plongée dans une crise humanitaire majeure, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant.
Négociations en vue d’une trêve
Des négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent au Caire jusqu’à vendredi, sous la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis.
Après sa conversation avec Joe Biden, Benjamin Netanyahu a rejeté jeudi soir toute reconnaissance internationale d’un État palestinien, en réaction à un plan évoqué par le quotidien américain Washington Post. Le journal rapporte que l’administration Biden et plusieurs pays arabes alliés des États-Unis travaillent à un plan global destiné à établir une paix israélo-palestinienne durable après la fin de la guerre.
Ce plan prévoirait un cessez-le-feu «d’une durée prévue d’au moins six semaines», la libération des otages israéliens, ainsi qu’un calendrier pour l’établissement à terme d’un État palestinien. Le Washington Post cite des responsables américains et arabes qui espèrent un accord avant le 10 mars, date de début du ramadan. Ce plan pourrait faire l’objet de discussions à la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’ouvre vendredi, selon ses promoteurs.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué près de 28.663 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Journalistes tués
Parmi les victimes figurent plus d’une centaine de journalistes. Sur 99 journalistes et employés des médias tués dans le monde en 2023, 72 l’ont été «dans des attaques israéliennes sur Gaza», souligne dans son rapport annuel publié jeudi le Comité de protection des journalistes (CPJ).
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.