Au 40ème jour de guerre entre Israël et le Hamas, l’armée israélienne a dit mener, tôt ce mercredi, «une opération ciblée contre le Hamas dans un secteur spécifique de l’hôpital Al-Chifa», dans le nord de la bande de Gaza, selon un communiqué. Des soldats israéliens interrogent des personnes dans l’hôpital, dont des patients et des médecins, tandis que des chars et des transports de troupes encerclent le complexe.
Alors que l’ONU et des ONG s’alarment de la situation des civils dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, où sont concentrées les opérations de l’armée israélienne, celle-ci a déclaré avoir envoyé «des équipes médicales parlant arabe et entraînées» pour cet type d’environnement «complexe» afin «qu’aucun tort ne soit causé aux civils».
Le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, présent dans Al-Chifa, a déclaré à l’AFP que «des dizaines de soldats et de commandos» israéliens se trouvaient «aux urgences et à la réception» de l’hôpital et que «des chars sont entrés dans le complexe de l’hôpital». L’ONU et la communauté internationale doivent intervenir «immédiatement» pour mettre fin à cette opération, a-t-il encore plaidé.
Plusieurs milliers de personnes, malades, personnels et civils déplacés par la guerre, s’entassent dans l’hôpital Al-Chifa. Les médecins et des ONG internationales affirment qu’aucun d’eux ne peut en sortir sous peine d’être visé par des tirs, alors que les combats font rage entre soldats israéliens et combattants palestiniens.
Fosse commune dans l’hôpital
La guerre déclenchée le 7 octobre par l’attaque du Hamas a fait environ 1.200 personnes ont été tuées dans cette attaque, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes. Et quelque 240 otages et prisonniers ont été enlevés et amenés à Gaza, selon l’armée.
En représailles, Israël pilonne depuis sans relâche la bande de Gaza, et a lancé une opération terrestre le 27 octobre. Les bombardements israéliens ont tué 11.320 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.650 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Dans la nuit, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que l’armée israélienne avait informé l’hôpital de son intention de mener une opération. «Nous tenons l’occupation, la communauté internationale, les États-Unis entièrement responsables de la sécurité des milliers de membres des équipes médicales, blessés, déplacés dans l’enceinte. Nous mettons en garde contre un massacre à l’hôpital», avait indiqué le ministère.
L’armée israélienne estime que l’hôpital Al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de «boucliers humains», affirmation relayée par les États-Unis, principal allié d’Israël. Le mouvement palestinien et le ministère de la Santé à Gaza démentent formellement et ont, à plusieurs reprises, réclamé la visite de «commissions d’enquête internationales».
«L’adoption par la Maison Blanche et le Pentagone du faux récit de l’occupation selon lequel la résistance utilise Al-Chifa à des fins militaires a donné le feu vert à l’occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils», a affirmé le Hamas.
Le directeur d’Al-Chifa Mohammed Abou Salmiya avait rapporté mardi qu’au moins «179 corps» avaient dû être enterrés dans une fosse commune. «Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier et les chambres frigorifiées des morgues ne sont plus alimentées» en électricité, avait-il aussi raconté à l’AFP avant l’opération israélienne dans l’hôpital.
En Israël, la pression s’accentue sur le gouvernement israélien pour qu’il obtienne la libération des otages. Le Forum des familles d’otages et disparus a réclamé mardi soir que le gouvernement approuve un accord dans ce sens. Une centaine de proches d’otages avaient entamé un peu plus tôt une marche de Tel-Aviv à Jérusalem, jusqu’au bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Au même moment, une télévision égyptienne indiquait que le chef du Mossad, le renseignement israélien, avait discuté au Caire «du dossier de l’échange de prisonniers», alors que deux otages ont récemment été relâchées par le Hamas via le territoire égyptien.
Dimanche, le Premier ministre israélien avait évoqué la possibilité d’un accord pour libérer des otages. Mais le Hamas avait par la suite accusé Israël de «tergiverser» pour la libération.
Dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre par Israël à un siège complet, la situation humanitaire est désastreuse selon des ONG, la population étant privée d’approvisionnements en eau, électricité, nourriture et médicaments. L’aide humanitaire y entre au compte-gouttes depuis l’Egypte voisine.
Ces derniers jours, des dizaines de milliers de Palestiniens ont fui le nord de la bande de Gaza, transformé en champ de ruines, après l’ouverture par Israël de «couloirs» d’évacuation. D’après l’ONU, plus de 1,6 des 2,4 millions d’habitants du territoire ont été déplacés par la guerre.
Dans le sud du territoire, qui n’est pas non plus épargné par les bombardements israéliens, des centaines de milliers de déplacés sont massés près de la frontière avec l’Égypte, près du point de passage de Rafah, unique issue de l’enclave palestinienne non contrôlé par Israël, dans des conditions extrêmement dures.