Alors que les pays médiateurs (Qatar, Égypte, États-Unis) attendent la réponse du Hamas à cette nouvelle proposition, des sources médicales dans la bande de Gaza ont fait état vendredi de frappes israéliennes dans le secteur de Rafah (sud), faisant des dizaines de morts.
Le Hamas étudie dans un «esprit positif» la nouvelle proposition sur la table, pour une pause de 40 jours dans les combats, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel.
Lors de cet entretien, M. Haniyeh a «confirmé» qu’une délégation du mouvement se rendrait en Égypte «sous peu» pour compléter les discussions récentes en vue d’un éventuel accord qui «réponde aux exigences de notre peuple» et «mette fin à l’agression». Le chef du Hamas s’est aussi entretenu avec le ministre qatari des Affaires étrangères, à qui il a répété son souhait de «parvenir à un accord».
Ces propos tranchent avec ceux la veille d’un responsable du mouvement qui évoquait une position pour l’instant «négative» du Hamas à propos de ces tractations. Le Hamas maintient ses exigences, en premier lieu un cessez-le-feu permanent, ce qu’Israël a toujours refusé.
Mobilisation contre Israël
En visite mercredi en Israël, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait appelé le Hamas à dire «oui» à un accord qu’il a jugé «extraordinairement généreux» de la part d’Israël. Il a aussi exhorté l’État hébreux à renoncer à une offensive terrestre sur la ville de Rafah, où s’entassent un million et demi de Palestiniens en majorité déplacés par les opérations militaires israéliennes.
De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent de lourdes pertes civiles, en l’absence d’un plan jugé crédible pour protéger la population, et la mobilisation s’accentue dans nombre de pays contre Israël à cause de la conduite de sa guerre à Gaza.
Outre des manifestations sur les campus de grandes universités aux États-Unis, au Canada, ou encore en France à Sciences Po, la Colombie a annoncé mercredi rompre ses liens diplomatiques avec Israël, et la Turquie a suspendu jeudi toute relation commerciale avec ce même pays.
États-Unis vs Cour pénale internationale
Le tout alors que des responsables israéliens commencent à craindre une possible inculpation par la Cour pénale internationale (CPI), à laquelle s’oppose toutefois leur allié américain. Selon les sites américain Axios et israélien Walla, des sénateurs américains ont tenu une rencontre virtuelle mercredi avec des responsables du tribunal de La Haye pour témoigner de leur préoccupation à propos de possibles mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens pour la guerre à Gaza.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.596 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 490 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Près de 40 milliards d’euros
En plus de ce bilan humain, la reconstruction devrait coûter entre 30 et 40 milliards de dollars (entre 28 et 37 milliards d’euros), a estimé jeudi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). «L’ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C’est une mission à laquelle la communauté internationale n’a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale», a déclaré le directeur du bureau régional pour les États arabes du PNUD, Abdallah al-Dardari.
Sur le plan de l’aide internationale, strictement contrôlée par Israël, elle continue d’arriver au compte-gouttes, principalement depuis l’Égypte, via Rafah, dans le territoire de 2,4 millions d’habitants menacé de famine.
L’ONG américaine World Central Kitchen, qui avait suspendu ses activités dans la bande de Gaza après la mort de sept travailleurs humanitaires lors d’une frappe aérienne israélienne au début du mois d’avril, a repris cette semaine ses activités.
«Après la fermeture de la cuisine, nous nous sommes rendu compte que de nombreuses bouches restaient affamées», a déclaré jeudi à l’AFP Zakria Yahya Abukuwaik, responsable d’une cuisine soutenue par cette ONG à Rafah, où la population craint une opération au sol des soldats israéliens à défaut d’accord de trêve.