L’ONU a appelé dimanche à la reprise immédiate de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza après la décision d’Israël de bloquer son entrée, une mesure dénoncée par le Hamas comme une violation de l’accord de trêve, désormais dans l’impasse.
Dans le territoire palestinien assiégé par Israël depuis près de 17 mois, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a fait état de quatre morts dans de nouvelles frappes israéliennes.
À la fin de la première phase du cessez-le-feu, négocié par l’entremise du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis et entré en vigueur le 19 janvier, un profond désaccord oppose Israël et le mouvement palestinien sur la suite du processus. Ce blocage risque de faire dérailler la trêve conclue après 15 mois d’une guerre dévastatrice à Gaza.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres «appelle à un retour immédiat de l’aide humanitaire dans Gaza» et «exhorte toutes les parties à faire les efforts nécessaires pour éviter un retour des hostilités à Gaza», a dit son porte-parole.
«La décision d’Israël d’interrompre l’aide à Gaza est inquiétante. Le droit international humanitaire est clair: nous devons être autorisés à accéder pour fournir une aide vitale et essentielle», a écrit simultanément sur X Thomas Fletcher, le chef des affaires humanitaires de l’ONU.
«Aller au bout» de l’accord
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné la suspension dimanche de «toute entrée de marchandises et approvisionnements dans Gaza». En cause selon lui, le rejet par le Hamas d’un compromis américain, accepté par Israël, prévoyant une extension du cessez-le-feu pendant le ramadan et la Pâque juive, soit jusqu’à la mi-avril.
Le plan stipule selon Israël que «la moitié des otages (israéliens à Gaza), morts et vivants», seraient rapatriés au premier jour de son entrée en vigueur. Les derniers captifs seraient remis «à la fin, si un accord est trouvé sur un cessez-le-feu permanent».
Le Hamas a rejeté cette option qui reviendrait selon lui à permettre à Israël de «se soustraire» à ses engagements. Il a réaffirmé sa «volonté d’aller au bout des (deux) étapes restantes de l’accord» initial, soit «un cessez-le-feu global et permanent» et le «retrait complet» des forces israéliennes de Gaza, avant «la reconstruction et levée du siège» du territoire.
Le Hamas a dénoncé comme «un crime de guerre et une violation flagrante de l’accord» la décision israélienne, qui coupe une aide vitale au territoire ravagé par la guerre, où ses 2,4 millions d’habitants sont confrontés à une crise humanitaire majeure. Il a appelé «les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression» sur Israël pour «mettre un terme à ses mesures punitives».
Négocié pendant des mois, l’accord de trêve comprend trois phases. Durant la première, le Hamas a rendu 33 otages -dont huit morts- à Israël, en échange de la libération d’environ 1.800 détenus palestiniens. Refusant pour l’heure de s’engager dans la deuxième étape, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé, ce qu’exclut ce mouvement.
Aide militaire américaine
Une réunion ministérielle arabe est prévue ce lundi au Caire, suivie d’un sommet arabe consacré à Gaza. Dans ce contexte de fortes tensions, les États-Unis ont annoncé avoir accéléré l’envoi d’une aide militaire d’environ quatre milliards de dollars à Israël, leur allié.
L’attaque du 7-Octobre a fait 1.218 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Les bombardements et l’offensive de l’armée israélienne a fait au moins 48.392 morts, essentiellement des civils, d’après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte