En six jours, 74 camions d’aide sont parvenus, depuis l’Égypte voisine, dans le territoire palestinien de 362 km2, soumis à «un siège complet» qui prive ses 2,4 millions d’habitants d’eau, de nourriture et d’électricité, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) jeudi soir. Soit bien moins que les 500 camions journaliers qui parvenaient, avant le conflit, à Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis 2007. «Les partenaires humanitaires ne peuvent accéder en toute sécurité aux populations dans le besoin et aux entrepôts où est stockée l’aide», a ajouté l’OCHA.
«Couloirs humanitaires»
Face à cette situation, les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays de l’UE ont exprimé jeudi soir leur «plus vive inquiétude concernant la dégradation de la situation humanitaire à Gaza», dans une déclaration commune qui réclame des «couloirs humanitaires» et des «pauses» pour acheminer l’aide. Les dirigeants de l’UE se sont dit par ailleurs favorables à l’organisation d’une «conférence internationale de paix», alors que le conflit entre dans son 21e jour.
En Israël, 1.400 personnes, selon les autorités, ont été tuées depuis le début de la guerre, dont un millier de civils, et 224 otages ou prisonniers (israéliens, binationaux ou étrangers) ont été emmenés à Gaza par le Hamas, qui a relâché quatre femmes à ce jour. Côté palestinien, plus de 7.000 personnes ont été tuées, en majorité des civils, dont environ 3.000 enfants, selon le Hamas, dans les bombardements israéliens en représailles depuis.
Frappes américaines en Syrie
Selon l’OCHA, citant le ministère des Travaux publics et du Logement de Gaza, 45% des habitations de la bande de Gaza ont été «endommagées ou détruites».
Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle la population du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l’ONU. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils.
Selon l’ONU, quelque 30.000 déplacés ont cependant regagné ces derniers jours le nord du territoire. «Nous retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne», a affirmé Abdallah Ayyad, qui après s’être réfugié dans un hôpital à Deir el-Balah, retourne à Gaza-ville, avec sa femme et leurs cinq filles, serrés dans la remorque d’un triporteur.
Pendant la nuit de mercredi à jeudi, l’armée israélienne a mené un «raid ciblé» avec des chars dans le nord de la bande de Gaza, en prélude à une offensive terrestre annoncée à plusieurs reprises. La communauté internationale redoute les conséquences de cette possible offensive, craignant un nombre important de victimes civiles mais aussi un embrasement dans la région.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé que les États-Unis avaient mené des frappes jeudi contre deux installations utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens et des «groupes affiliés» dans l’est de la Syrie, en «riposte à une série d’attaques en cours (…) contre le personnel américain en Irak et en Syrie par des milices soutenues par l’Iran».
Extension du conflit
Cette annonce est intervenue après que le président Joe Biden a adressé un message au dirigeant suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pour le mettre en garde contre toute attaque visant les troupes américaines.
Jeudi, devant les Nations unies, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays ne souhaitait pas l’extension du conflit. «Mais je préviens que si le génocide à Gaza se poursuit, ils ne seront pas épargnés par ce feu», a-t-il ajouté, s’adressant aux États-Unis.
Les échanges de tirs sont aussi quotidiens à la frontière nord d’Israël avec le Liban, entre l’armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du Hamas. La tension est très vive aussi en Cisjordanie occupée, où plus de cent Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. Des appels à manifester, après la prière du vendredi, ont été lancés à plusieurs villes des territoires palestiniens, dont Naplouse et Hébron.