Un envoyé spécial américain est attendu dans la journée en Israël pour tenter de relancer des discussions jusqu’à présent dans l’impasse.
Déclenché le 7 octobre par une attaque sans précédent de commandos du Hamas contre le territoire israélien, le conflit entre Israël et le mouvement islamiste a plongé la bande de Gaza dans une situation humanitaire catastrophique.
Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, y sont menacées de famine. La communauté internationale s’inquiète notamment du sort de près de 1,5 million de Palestiniens massés dans la ville de Rafah, située contre la frontière fermée avec l’Égypte.
Rafah est le «dernier bastion» du Hamas aux yeux du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu déterminé, malgré les protestations internationales, à y lancer une offensive terrestre.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’aviation israélienne y a conduit une dizaine de frappes, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 99 personnes ont été tuées dans la nuit dans la bande de Gaza. «Nous attendons la mort, jour après jour», témoignait ces derniers jours un habitant, Wissam Lafi, auprès de l’AFP.
Le conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, est attendu jeudi en Israël après une étape en Égypte où se tiennent de nouveaux pourparlers en vue d’une trêve. «Nous voulons qu’un accord soit trouvé (...) le plus rapidement possible», a dit à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, se trouve actuellement au Caire.
Au menu des discussions, la première phase d’un plan conçu par les pays médiateurs --Qatar, États-Unis et Égypte--, qui prévoit une trêve de six semaines, associée à un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël et à l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.
Violences sexuelles
Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Ce jour-là, des commandos du Hamas ont déclenché une attaque sans précédent dans le sud d’Israël et tué plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
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D’après un rapport d’une organisation israélienne publié mercredi, ces attaques ont donné lieu à des violences sexuelles systématiques et préméditées.
Lundi, des experts en droits humains de l’ONU avaient demandé une enquête indépendante sur les allégations de violences, y compris sexuelles, visant des Palestiniennes, qui auraient été perpétrées par des Israéliens à Gaza et en Cisjordanie.
En représailles à l’attaque du 7 octobre, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. L’offensive de l’armée israélienne a fait 29.313 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Mercredi, le Parlement israélien a massivement voté une résolution proposée par Benjamin Netanyahu s’opposant à toute «reconnaissance unilatérale d’un État palestinien», qui reviendrait selon le texte à récompenser le «terrorisme sans précédent» du Hamas.
Quelques jours plus tôt, le Washington Post indiquait que les États-Unis et plusieurs pays arabes alliés travaillaient à un plan global destiné à établir une paix israélo-palestinienne durable après la fin de la guerre entre Israël et le Hamas, et prévoyant notamment un calendrier pour l’établissement à terme d’un État palestinien.
Divisions au G20
Les divergences internationales se sont de nouveau étalées mercredi lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 au Brésil.
Le chef de la diplomatie brésilienne Mauro Vieira a déploré «l’inacceptable paralysie du Conseil de sécurité» au sujet notamment de Gaza, où les États-Unis, alliés d’Israël, ont mis leur veto la veille à un projet de résolution qui exigeait un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
De leur côté, les États-Unis ont critiqué les propos polémiques du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva comparant la guerre à Gaza à la Shoah.
La situation humanitaire est particulièrement alarmante dans le nord de Gaza, en proie «au chaos et à la violence», selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui y a suspendu mardi la distribution de son aide.
Soumise au feu vert d’Israël, l’aide entre à Gaza essentiellement par Rafah via l’Égypte, mais son acheminement vers le nord est rendu presque impossible par les destructions et les combats.
ONG touchées par des frappes
Dans le sud, à Khan Younès, théâtre ces dernières semaines de combats au sol, de tirs et de raids aériens, un char israélien a, selon Médecins sans frontières (MSF), tiré tard mardi sur une maison abritant certains employés de l’ONG, tuant deux membres de la famille de l’un d’entre eux.
MSF a dénoncé mercredi cette frappe «avec la plus grande fermeté».
L’armée israélienne a exprimé ses regrets, déclarant à l’AFP avoir tiré sur un édifice «identifié» comme abritant des «activités terroristes», mais qu’après coup «des informations ont fait état de la mort de deux civils non impliqués» dans ces activités présumées.
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Dans la même ville, le Croissant-rouge palestinien a fait état d’«attaques multiples» contre l’hôpital Al-Amal touché par des tirs de l’artillerie israélienne.
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), principale organisation d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, fait, elle, face à une nouvelle polémique.
La mère de Yonatan Samerano, un Israélien de 21 ans tué dans l’attaque du 7 octobre, a accusé mercredi un employé de l’UNRWA d’avoir emporté sa dépouille à Gaza.
«Comment l’ONU a-t-elle pu payer (le salaire) d’un homme qui a traîné par terre le corps tout mince pour ensuite le prendre comme s’il était une récompense pour Gaza?», s’est indignée Ayelet Samerano, lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv.
Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon, ont suspendu leur financement à l’UNRWA après des accusations israéliennes selon lesquelles 12 de ses employés étaient impliqués dans l’attaque du 7 octobre.
De son côté, United Airlines a annoncé la reprise de ses vols vers Israël à partir du mois prochain, devenant la première compagnie aérienne américaine à effectuer un tel retour depuis l’attaque du 7 octobre.