Gaza: poursuite des bombardements israéliens, discussions difficiles pour une trêve avant le ramadan

De la fumée s'élevant au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien le 4 mars 2024.. AFP or licensors

La guerre dans la bande de Gaza entre dans son sixième mois, malgré les appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu et les efforts des médiateurs pour parvenir à une trêve. Réunis au Caire, les représentants des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte espèrent arracher, sans succès jusqu’à présent, un accord avant le ramadan.

Le 07/03/2024 à 08h20

Malgré les multiples appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements de la bande de Gaza, où sévit une grave crise humanitaire, 2,2 des 2,4 millions d’habitants étant, selon l’ONU, menacés de famine. Des frappes effectuées durant la nuit du jeudi sur Khan Younès et Rafah ont fait 81 morts d’après le ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi, la Chine s’est jointe aux nombreux pays qui réclament un arrêt immédiat des combats à Gaza. «Le fait qu’aujourd’hui, au 21ème siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée est une tragédie humaine, plus encore, c’est une honte pour la civilisation», a estimé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors d’une conférence de presse à Pékin.

Répétant le soutien de son pays à une «pleine» adhésion d’un État palestinien à l’ONU, M. Wang a de nouveau demandé un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire assiégé et cible depuis 5 mois de frappes israéliennes incessantes.

Une trêve avant le ramadan

Depuis dimanche dans la capitale égyptienne, une délégation du Hamas discute avec des représentants américains, égyptiens et qataris -mais sans présence israélienne- d’une possible trêve de six semaines. Celle-ci serait associée à une libération d’otages israéliens retenus à Gaza en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu’à l’entrée d’une aide accrue dans le territoire palestinien.

Principal allié d’Israël, les États-Unis font pression pour qu’un accord soit conclu avant le ramadan, estimant que la balle était «dans le camp du Hamas». Avant tout accord, le mouvement palestinien réclame un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Des conditions rejetées par Israël, qui entend poursuivre sa guerre dans le Territoire palestinien

«Cette horreur doit cesser»

«Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre», a déclaré le chef de l’ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau X après avoir reçu des familles de victimes palestiniennes. Le Conseil de sécurité doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué plus de 30.717 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 72.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

L’offensive israélienne a contraint 1,7 million de Palestiniens à quitter leur foyer, selon l’ONU. La plupart ont fui vers la ville de Rafah, située dans l’extrême sud de la bande de Gaza, où Israël projette une offensive terrestre, après l’avoir présentée pendant des mois comme une «zone sûre».

Soumise au contrôle total d’Israël, l’aide internationale n’entre qu’au compte-gouttes sur le territoire, soulevant les craintes d’une famine généralisée, notamment dans le nord, difficilement accessible à cause des destructions, des combats et des restrictions israéliennes.

Morts silencieuses

À Londres, après une rencontre avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a affirmé mercredi que la situation à Gaza «doit changer». «En tant que puissance occupante, Israël a la responsabilité légale de veiller à ce que l’aide soit disponible pour les civils», a-t-il dit. De son côté, l’Italie a annoncé le lancement lundi d’une initiative, «Food for Gaza», dont l’objectif est de coordonner l’aide alimentaire avec les agences spécialisées de l’ONU et la Croix-Rouge.

Le Royaume-Uni et et l’Italie figurent parmi les 18 pays ayant décidé de suspendre le versement de leur contribution à l’Agence des nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), après que 12 de ses employés ont été accusés par Israël d’avoir participé aux attaques du 7 octobre 2023, sans toutefois présenter de preuves. Depuis, certains, dont le Canada et l’Union européenne, ont discrètement rétabli le financement de l’agence.

«Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants», a confié à l’AFP le bénévole Bassam Al-hou lors d’une distribution de repas gratuits aux déplacés à Jabaliya (nord). «Ils meurent et s’évanouissent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire?».

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 Palestiniens, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation. «Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux», a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra.

Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, certains pays, dont les États-Unis, la Jordanie, la France et la Belgique, ont commencé à larguer de l’aide par voie aérienne sur le nord de la bande de Gaza, une solution jugée largement insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires.

La piste d’approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, le pays de l’UE géographiquement le plus proche de Gaza.

Par Le360 (avec AFP)
Le 07/03/2024 à 08h20