Tôt ce samedi, le Hamas a fait état de «combats acharnés» dans le secteur de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, et de frappes aériennes israéliennes et de tirs d’artillerie intenses à Khan Younès, nouvel épicentre des combats dans le sud du territoire palestinien. La veille, à Rafah, Bakr Abu Hajjaj avait survécu à l’une de ces frappes. «Tout est détruit, cela fait 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction», se désole-t-il, interrogé par l’AFP.
De passage en Israël jeudi et vendredi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a demandé aux responsables israéliens de passer à court terme à une phase de «plus faible intensité». Dans un signe de crispation inédit face à l’ampleur des morts civiles palestiniennes, le président américain Joe Biden avait d’ailleurs dénoncé des bombardements «aveugles», prévenant son allié israélien qu’il risquait de perdre son soutien international.
Vendredi, trois otages israéliens «identifiés par erreur» comme une «menace» ont été tués par des soldats à Choujaiya, dans le nord de la bande de Gaza, où l’armée israélienne multiplie les raids aériens malgré les pressions de son allié américain pour plus de retenue.
Peu après cette annonce, des familles d’otages et des sympathisants ont défilé devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv pour demander un accord immédiat en vue de leur libération. «Chaque jour, un otage meurt», pouvait-on lire sur une affiche alors qu’un drapeau israélien placé dans la rue a été aspergé de peinture rouge évoquant du sang. «Le seul moyen de libérer les otages vivants est la négociation», a déclaré sur place Motti Direktor, un manifestant de 66 ans.
Une seconde trêve?
Environ 240 personnes ont été capturées dans l’attaque de commandos du Hamas le 7 octobre en sol israélien, qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. En représailles, Israël a lancé une offensive militaire dans la bande de Gaza qui a fait 18.800 morts, en grande majorité des civils, dont 70% de femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la santé du Hamas. Et en Cisjordanie occupée, où la Hamas n’est pas représenté, plus de 280 Palestiniens ont été tués par des soldats et des colons israéliens depuis le 7 octobre.
Après l’annonce de la mort des trois otages, le site Axios a indiqué que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. La rencontre, en Europe, doit porter sur la libération d’otages toujours retenus à Gaza.
Journaliste tué
Toujours dans la journée du vendredi, Samer Abou Daqa, caméraman d’Al Jazeera, a été tué par une frappe aérienne israélienne à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza. D’après des témoignages, les secours palestiniens, prévenus par les équipes de la chaîne, ont été empêchés pendant près de 5 heures par les bombardements israéliens de parvenir jusqu’aux lieux et secourir Samer Abou Daqa, qui a finalement succombé à ses blessures.
Le chef de bureau d’Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, dont l’épouse et deux de ses enfants ont été tués par une frappe israélienne au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d’obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès.
«Nous étions en reportage, nous avions filmé, nous avions terminé et nous étions avec la défense civile mais alors que nous revenions, ils nous ont frappés avec un missile. Tant que je respire, il n’y a pas de problème», a déclaré à l’AFP Waël Dahdouh.
«Les équipes de Gaza, en particulier Waël et Samer, ont joué un rôle crucial pour révéler l’ampleur des destructions et des horreurs des atrocités israéliennes», a estimé Al Jazeera. Plus de 60 journalistes et employés de médias ont été tués par des opérations de l’armée israélienne depuis le 7 octobre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Point d’entrée «temporaire» pour l’aide humanitaire
Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie dans la bande Gaza sont cauchemardesques pour les civils palestiniens, acculés dans des zones toujours plus petites, estime l’ONU.
Israël a autorisé vendredi l’ouverture «temporaire» d’un nouveau point d’entrée pour l’aide humanitaire à Gaza assiégée, tout en poursuivant d’intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour plus de retenue. Cette décision vise à décongestionner le terminal de Rafah, unique point d’entrée de vivres et de médicaments, alors qu’Israël resserre l’inspection des camions acheminant de l’aide.
Quelque 1,9 million d’habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l’ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux bombardements et aux combats qui s’étendent. Alors que les aides entrent au compte-gouttes dans le territoire palestinien, privé par Israël de tout approvisionnement en eau, en nourriture, en électricité, en médicaments ou en carburant, la surpopulation dans les camps entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins, déplorent les organisations onusiennes et les ONG humanitaires.