Tôt ce vendredi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de «dizaines de morts et de blessés» dans de nouvelles frappes aériennes à Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre dans le sud de la bande de Gaza. Et jeudi soir, les militaires israéliens signalaient des «combats» au sol dans le secteur de Choujaya (nord), où leur armée avait subi plus tôt cette semaine ses plus importantes pertes depuis le début de son offensive terrestre dans ce petit territoire palestinien densément peuplé.
À Gaza, soumise à des bombardements incessants, dans la nuit, les télécommunications restaient une nouvelle fois coupées, selon l’opérateur palestinien Paltel, imputant cette coupure «à l’agression en cours» des forces israéliennes.
L’attaque menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Depuis, le nombre de morts à Gaza approche désormais les 18.800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et des adolescents, tués par les bombardements israéliens, d’après le ministère de la Santé du Hamas.
«Plus que quelques mois»
Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan est arrivé jeudi en Israël, où il a notamment rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. Il a discuté de la possibilité d’un basculement dans un «futur proche» de l’offensive vers des «opérations de plus faible intensité» pour réduire le nombre de victimes civiles, a indiqué la Maison Blanche. Le ministre de la Défense israélien a, lui, prévenu que la guerre contre le Hamas devrait s’étirer «plus que quelques mois».
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, avait qualifié mercredi d’«illusion» tout plan d’après-guerre qui imaginerait la bande de Gaza sans son organisation et les autres «mouvements de résistance». Selon un sondage du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, 64% des Palestiniens interrogés pensent que le Hamas gardera le contrôle de Gaza au terme des combats, un scénario selon eux plus probable qu’un retour de l’Autorité palestinienne.
Au cours des dernières semaines, Israël a laissé entendre que son objectif n’était pas d’administrer Gaza après la guerre, alors que des commentateurs s’interrogent sur la possibilité de voir l’Autorité palestinienne gérer ce territoire dont il a été chassé en 2007 par le Hamas. L’émissaire Jake Sullivan se rend d’ailleurs vendredi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour des entretiens avec des dirigeants de l’Autorité palestinienne, a indiqué un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.
Rafah, gigantesque camp
Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus exiguës, cherchant à échapper aux frappes israéliennes et confrontés à des conditions humanitaires désespérées. À l’extrême sud, la ville Rafah, qui n’est pas non plus épargnée par les bombardements, est devenue un gigantesque camp, fait de centaines de tentes bricolées à l’aide de bouts de bois, de draps et de bâches en plastique, où les déplacés s’abritent tant bien que mal sous la pluie, alors que l’hiver et le froid s’installent.
Dans la nuit du jeudi, de nouvelles frappes aériennes israéliennes ont encore touché la ville. «Il s’agit d’un camp de réfugiés, avec des maisons reliées entre elles. Comme vous le voyez, elles sont détruites. C’est un quartier résidentiel qui n’a rien à voir avec des activités de combattants», pestait sur place Abou Omar, un habitant du quartier.
Dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis 16 ans et à un siège total depuis le 9 octobre, environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont été déplacées, beaucoup plusieurs fois depuis le début de la guerre, selon l’ONU. Alors que les aides entrent au compte-gouttes dans le territoire palestinien, privé par Israël de tout approvisionnement en eau, en nourriture, en électricité, en médicaments ou en carburant, la surpopulation dans les camps entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins, déplorent les organisations onusiennes et les ONG humanitaires.
En marge de la guerre à Gaza, les opérations israéliennes se sont intensifiées en Cisjordanie occupée, où la Hamas n’est pas représenté, et où un raid israélien a fait onze morts jeudi selon l’Autorité palestinienne, portant à plus de 280 le nombre de Palestiniens tués par les soldats et colons israéliens depuis le 7 octobre.
Les rebelles yéménites Houthis, soutien du Hamas, ont revendiqué un tir en mer Rouge contre un porte-containers qui faisait route, selon eux, vers Israël. Cette frappe a raté le navire a indiqué un responsable américain, l’armée assurant «qu’il n’y a eu ni blessé, ni dégât».