Les États-Unis ont présenté aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution appelant à un «cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages» à Gaza, a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken, attendu ce jeudi en Égypte pour des pourparlers en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas.
«Nous avons en fait soumis une résolution qui est à présent devant le Conseil de sécurité qui appelle à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages et nous espérons vivement que les pays la soutiendront», a-t-il dit mercredi soir au média saoudien Al Hadath, en marge d’une visite dans le royaume consacrée au conflit à Gaza. Depuis le début de la guerre, les États-Unis ont mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à des cessez-le-feu immédiats et durables.
Une telle résolution enverrait un «signal fort», a ajouté M. Blinken qui a souligné, lors d’un entretien avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, «l’engagement» américain pour une solution «durable à la crise» et à la création d’un «futur État palestinien» offrant des garanties de sécurité à Israël, selon le département d’État.
Au sixième mois de la guerre à Gaza, les inquiétudes internationales s’amplifient face à la menace de famine et au bilan humain qui ne cesse de s’alourdir à Gaza avec plus de 31.988 personnes tuées par les opérations militaires israéliennes, en grande majorité des femmes et des enfants, selon le bilan mercredi du ministère de la Santé du Hamas.
Poursuite des raids sur l’hôpital Al Chifa
Tôt ce jeudi, ce dernier a annoncé la mort de 70 autres personnes dans des tirs israéliens dans la bande de Gaza, où des témoins ont fait état dans la nuit de frappes aériennes dans le centre du territoire et de raids israéliens autour de l’hôpital Al Chifa de la ville de Gaza (nord).
Quatre Palestiniens ont été tués par une opération de l’armée israélienne lancée dans la nuit de mercredi à jeudi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie occupée, selon le Croissant-Rouge palestinien, portant à plus de 450 le nombre de personnes tuées par les soldats ou les colons israéliens dans ce territoire où le Hamas n’est pas représenté.
Face à cette guerre dévastatrice, les médiateurs -États-Unis, Qatar, Égypte- tentent de parvenir à une trêve humanitaire. Dans sa nouvelle proposition de trêve transmise la semaine dernière aux médiateurs, le Hamas s’est dit prêt à une trêve de six semaines associée notamment à la libération d’otages en échange de Palestiniens détenus par Israël.
Mais mercredi, un responsable du Hamas à Beyrouth, Oussama Hamdane, a déclaré que la réponse d’Israël à cette proposition de trêve était «globalement négative» et pourrait «conduire les négociations vers l’impasse». La veille, le chef du mouvement islamiste Ismaïl Haniyeh avait accusé Israël de «saboter» les pourparlers par ses assauts de l’hôpital Al Chifa.
L’Égypte, après l’Arabie saoudite
Pour sa nouvelle tournée au Moyen-Orient, Antony Blinken est attendu aujourd’hui en Égypte et vendredi en Israël et devrait aborder avec ses interlocuteurs «un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages», «l’accroissement de l’aide humanitaire à Gaza» et «la coordination de l’après-conflit».
Premier allié d’Israël, les États-Unis tentent d’éviter une offensive terrestre d’envergure sur Rafah, ville adossée à la frontière de l’Égypte, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité des personnes déplacées par les opérations israéliennes dans le reste du territoire.
Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah. Il a annoncé l’envoi à Washington d’une délégation israélienne «à la demande du président Joe Biden», pour discuter de cette opération dans ce secteur. Pour les États-Unis, une offensive sur Rafah «conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait la situation humanitaire déjà grave (...) et isolerait encore plus Israël».
Dans une lettre au président Biden, une soixantaine d’anciens cadres de la diplomatie américainee estiment que les «tactiques» de l’armée israélienne ont jusqu’à présent causé une «catastrophe humanitaire» à Gaza.
La faim en plus des bombes
La communauté internationale s’inquiète des risques de famine imminente dans le territoire. Selon les agences de l’ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire «catastrophique», en particulier dans le nord où la famine pourrait sévir d’ici mai.
L’ONU pointe entre autres les restrictions sécuritaires imposées par Israël à l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza, qui se traduisent par une réduction du volume de l’aide accédant par voie routière au territoire par les deux seuls terminaux, Rafah et Kerem Shalom.
À Gaza-Ville, dans le nord, une foule de Palestiniens se bousculait mercredi pour tenter de recevoir un sac de farine à un point de distribution de l’aide, a constaté un collaborateur de l’AFP. «Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza», a averti dans la nuit sur X (ex-Twitter) le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.