Tôt ce jeudi, le ministère de la Santé de l’administration du Hamas a annoncé la mort d’un total de 19 autres Palestiniens par de frappes israéliennes à Gaza-ville (nord), Nuseirat (centre) et Rafah (sud) après une journée de raids aériens et d’intenses combats de rue. Un raid israélien a également fait deux morts et plusieurs blessés à Jénine, en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.
«Tout arrangement à Gaza ou concernant la cause palestinienne sans le Hamas ou les mouvements de résistance est une illusion», a déclaré dans un discours télévisé Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas, basé au Qatar, se disant prêt à des discussions sur «une voie politique qui assurera le droit des Palestiniens à un État indépendant avec Jérusalem pour capitale».
Selon un sondage publié mercredi par le Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, Ismaïl Haniyeh récolte 78% des intentions de vote, contre 58% avant la guerre, dans les Territoires palestiniens. Et près des deux tiers des répondants (64%) estiment que le Hamas gardera le contrôle de Gaza au terme des combats.
En sens inverse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, promis de poursuivre la guerre contre le Hamas. «Rien ne nous arrêtera. Nous irons jusqu’au bout» et ce, malgré les «pressions» en faveur d’un cessez-le-feu, a-t-il déclaré.
Une attaque menée le 7 octobre par des commandos du mouvement palestinien dans le sud d’Israël a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Quelque 240 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza par le Hamas et d’autres groupes alliés.
Après plus de deux mois de guerre, quelque 18.600 personnes ont été tuées par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, et principalement des femmes et des enfants, d’après le ministère de la Santé du Hamas. En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, plus de 270 Palestiniens ont été tués par les soldats ou les colons israéliens depuis le 7 octobre.
Frappes «plus précises»
Sans remettre en cause leur soutien à l’opération israélienne, les États-Unis commencent à s’exaspérer du nombre de victimes civiles dans la bande de Gaza, le président Joe Biden évoquant des «bombardements aveugles» et une possible «érosion» du soutien occidental à Israël.
Sans arrêter les frappes à Gaza, Israël doit trouver un moyen de réduire l’intensité des frappes, a suggéré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche attendu jeudi et vendredi à Jérusalem pour des entretiens avec le Premier ministre Netanyahu. «Cela veut simplement dire qu’il faut se diriger vers une phase différente du type de haute intensité que nous connaissons aujourd’hui», avait-il déclaré cette semaine lors d’un forum organisé par le Wall Street Journal.
«Les discussions (à Jérusalem, ndlr) sont extrêmement sérieuses», a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, précisant que M. Sullivan allait évoquer le besoin de mener des frappes «plus chirurgicales et plus précises afin de réduire les pertes civiles».
«Chapitre le plus sombre»
Dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis 16 ans et à un siège total depuis le 9 octobre, les conditions de vie s’aggravent pour la population civile. Environ 85% des 2,4 millions d’habitants du territoire ont été déplacés, beaucoup plusieurs fois, depuis le début de l’offensive israélienne, et des quartiers entiers ont été détruits par les bombardements israéliens.
«Face aux bombardements, aux privations et aux maladies, dans un espace toujours plus exigu, (les Palestiniens) sont confrontés au chapitre le plus sombre de leur histoire depuis 1948», a martelé le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, en allusion à la création de l’État d’Israël et l’exode forcé des Palestiniens.
Tout au sud de la bande de Gaza, la ville de Rafah, qui n’est pas épargnée par les bombardements israéliens, est devenue un gigantesque camp de fortune aux fragiles abris montés à la hâte, dont beaucoup ont été balayés par les tombereaux de pluie tombés ces derniers jours.
«Où devons-nous aller?», demande Bilal al-Qassas, 41 ans, originaire de Khan Younès. Cela fait cinq jours qu’il dort dehors et sa tente est totalement inondée. Il semble sombrer dans le désespoir. «Maintenant nous souhaitons tout simplement mourir. Nous ne voulons ni de la nourriture ni de l’eau».
«Personne ne se soucie de nous, personne ne nous aide», affirme Aziza al-Shabrawi, 38 ans, qui a déjà déménagé trois fois depuis le début de la guerre. «Mon fils est malade à cause du froid. Nous avons demandé des couvertures et des tentes», en vain, dit-elle.
Alors que les aides entrent au compte-gouttes dans la bande de Gaza, privée par Israël de tout approvisionnement en eau, en nourriture, en électricité, en médicaments ou en carburant, les déplacés «sont confrontés à des conditions catastrophiques dans des endroits densément peuplés, à l’intérieur et à l’extérieur des abris», indique le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha). «Les foules attendent des heures autour des centres de distribution d’aide, les gens ont faim, soif, ils ont besoin de soin et de protection», liste l’Ocha.