«World Central Kitchen est dévastée, et confirme que sept membres de notre équipe ont été tués à Gaza dans une frappe des FDI», les forces armées israéliennes , a déploré l’ONG basée aux Etats-Unis. Les victimes étaient «originaires d’Australie, de Pologne, du Royaume-Uni, (et comprenaient aussi) un citoyen ayant la double nationalité américaine et canadienne et une personne palestinienne», a ajouté l’organisation fondée par le cuisinier américano-espagnol José Andrés.
Ils ont été tués «alors qu’ils travaillaient pour soutenir notre oeuvre humanitaire de livraison de nourriture à Gaza», avait-elle indiqué dans un précédent communiqué, dénonçant une «tragédie». World Central Kitchen a ajouté qu’elle avait décidé de «suspendre ses opérations dans la région». Depuis le début de la guerre en octobre, World Central Kitchen a participé aux opérations de secours, notamment en fournissant des repas aux habitants affamés de Gaza.
Les Etats-Unis, qui prennent de plus en plus leurs distances avec leur allié israélien après quasiment six mois de guerre dans la bande de Gaza, se sont déclarés «profondément troublés» par cet événement.
«Les travailleurs humanitaires doivent être protégés, car ils apportent une aide dont (les Palestiniens) ont désespérément besoin, et nous exhortons Israël à promptement enquêter sur ce qu’il s’est passé», a déclaré sur le réseau social X la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui dépend de la Maison Blanche, Adrienne Watson.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a confirmé qu’une Australienne, Zomi Frankcom, figurait parmi les victimes. «C’est complètement inacceptable. L’Australie exige que tous les responsables de la mort de travailleurs humanitaires rendent des comptes», a-t-il déclaré.
L’armée israélienne a dit «passer en revue l’incident tragique au plus haut niveau pour en comprendre les circonstances» et assuré avoir «travaillé en étroite collaboration avec WCK» pour sa distribution d’aide.
WCK est impliquée dans l’envoi d’aide par bateau de Chypre vers Gaza et dans la construction d’une jetée temporaire dans le territoire palestinien assiégé. Un premier bateau y avait déchargé sa cargaison mi-mars sous la supervision de l’armée israélienne.
L’hôpital Al Chifa en ruines
Près de six mois après le début du conflit, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi la mort d’au moins 70 personnes au cours des dernières 24 heures, dans «des dizaines» de bombardements israéliens à travers la bande de Gaza.
Dans le nord de la bande de Gaza, les équipes médicales fouillaient lundi les décombres de l’hôpital Al Chifa, qui était le plus grand dans le territoire palestinien, pour extraire des blessés et cadavres après le retrait de l’armée israélienne qui y a mené une vaste opération, laissant derrière elle ruines et cadavres.
Un porte-parole de l’agence de défense civile de Gaza a fait état de 300 personnes tuées à l’intérieur et autour de l’hôpital durant l’opération israélienne. Des médecins et civils présents dans le complexe ont déclaré à l’AFP qu’au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains ont été écrasés par des véhicules militaires.
Une loi pour interdire Al Jazeera
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi vouloir interdire la diffusion de la chaîne qatarie Al Jazeera dans le pays, peu après le vote par le Parlement d’une loi l’autorisant à le faire.
Al Jazeera, qui accuse Israël de cibler systématiquement ses journalistes dans la bande de Gaza, a dénoncé une «campagne frénétique» à son encontre. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à Washington, a demandé «instamment au gouvernement israélien de ne pas fermer le bureau» d’Al-Jazeera à Jérusalem et de permettre aux médias de travailler en Israël et à Gaza pendant le conflit.
Selon la Maison Blanche, des responsables israéliens ont échangé avec leurs homologues américains à distance lundi et ont «accepté de prendre en compte» les préoccupations américaines au sujet de l’offensive prévue par Israël sur Rafah, dans le sud de Gaza.
La situation de cette ville où s’entassent 1,5 million de Palestiniens devait déjà faire l’objet d’une réunion à Washington, mais Israël a annulé l’envoi de sa délégation il y a une semaine. Une rencontre «en personne» pourrait avoir lieu «dès la semaine prochaine», a précisé un communiqué de l’exécutif américain.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 32.845 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
En Syrie, onze personnes, dont sept Gardiens de la révolution -l’armée idéologique de l’Iran- ont été tuées lundi par un raid imputé à Israël contre la section consulaire de l’ambassade iranienne à Damas.
Téhéran a promis «une réponse décisive». «Ce crime ne passera pas sans que l’ennemi soit puni», a averti pour sa part le Hezbollah, mouvement libanais allié de la Syrie, de l’Iran et du Hamas palestinien. Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra ce mardi une session publique à la demande de la Russie sur cette attaque, a annoncé le représentant russe à l’ONU Dmitri Polianski, cité par l’agence étatique Tass.