Gaza: Trump presse l’ONU d’entériner son plan de paix

Vue générale de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation à Gaza, au siège de l'ONU à New York, le 18 septembre 2025.

Les États-Unis ont appelé jeudi le Conseil de sécurité de l’ONU à «s’unir» pour adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump à Gaza, mettant en garde contre les risques de conséquences «graves» pour les Palestiniens dans le cas contraire.

Le 14/11/2025 à 06h31

Alors que le cessez-le-feu à Gaza demeure fragile, Washington intensifie sa pression diplomatique sur les Nations unies. Jeudi, les États-Unis ont appelé le Conseil de sécurité à « s’unir » autour de leur projet de résolution adoubant le plan de paix proposé par Donald Trump, un texte présenté par l’administration américaine comme l’unique voie possible pour stabiliser durablement le territoire palestinien. En toile de fond, la certitude affichée par Washington que tout retard ou hésitation risquerait d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique.

La tonalité du message, ferme et sans ambiguïté, s’appuie sur une mise en garde appuyée. «Les tentatives de semer la discorde, alors qu’un accord sur cette résolution est activement en négociations, ont des conséquences graves, tangibles, et totalement évitables pour les Palestiniens à Gaza», a indiqué dans un communiqué un porte-parole de la mission américaine à l’ONU. Une formulation qui cherche à isoler toute opposition au texte en l’associant directement à une potentielle détérioration des conditions de vie dans le territoire assiégé.

Washington affirme que cette dynamique ne doit en aucun cas être contrariée: «Le cessez-le-feu est fragile et nous appelons le Conseil à s’unir et à avancer pour garantir la paix tant nécessaire», poursuit le porte-parole, évoquant une «occasion historique d’ouvrir la voie à une paix durable au Moyen-Orient en soutenant cette résolution». Dans les couloirs de l’ONU, cette «occasion historique» est déjà au cœur de tensions feutrées, chaque mot du projet américain étant âprement discuté entre délégations.

Un texte qui entérine le rôle des États-Unis et de Donald Trump

La semaine dernière, Washington a lancé les négociations formelles autour d’un texte qui «endosse» le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d’un cessez-le-feu qualifié de fragile par toutes les parties. Cette démarche confirme une volonté: inscrire dans le marbre onusien un processus de paix placé sous pilotage américain.

La troisième version du texte, consultée jeudi par l’AFP, «salue» ainsi la création d’un «comité de la paix» présidé par Donald Trump. Cet organe, doté d’un mandat courant jusqu’à fin décembre 2027, constituerait une structure de «gouvernance de transition» supervisant les premières étapes du processus politique et sécuritaire.

Autre pilier central: l’installation d’une «force internationale de stabilisation» (ISF), explicitement mentionnée dans le texte, et qui serait «autorisée» à utiliser «toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international».

Les missions prévues sont vastes: appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l’Égypte, démilitarisation de Gaza, désarmement «des groupes armés non étatiques», protection des civils, formation d’une police palestinienne… Autant de prérogatives qui laissent entrevoir une force robuste, probablement large, et dont le déploiement dépendrait directement de l’aval politique donné par le Conseil.

Une ouverture nouvelle sur la question d’un État palestinien

Contrairement aux versions précédentes, la dernière mouture introduit explicitement un élément qui pourrait s’avérer décisif pour rallier certains membres hésitants du Conseil: l’avenir d’un possible État palestinien. Le texte précise que, après la réforme de l’Autorité palestinienne et l’avancée de la reconstruction de Gaza, «les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’État».

Cette mention, néanmoins prudente et conditionnelle, s’accompagne d’une promesse américaine: la mise en place d’un «dialogue entre Israël et les Palestiniens» chargé de définir «un horizon politique vers une coexistence pacifique et prospère». Un langage susceptible de rassurer les membres favorables à une solution à deux États, même si plusieurs diplomates soulignent déjà que la formulation demeure volontairement floue.

Des négociations qui patinent malgré l’optimisme affiché de Washington

Officiellement, l’administration américaine affirme avancer à grands pas. Le secrétaire d’État Marco Rubio s’était dit mercredi «optimiste», assurant faire «des progrès sur le langage» et espérant un vote «très prochainement». Mais derrière ces déclarations, les discussions semblent plus complexes que Washington ne le laisse entendre.

Car si, selon des sources diplomatiques, les membres du Conseil soutiennent majoritairement la création du «comité de paix» et de la force internationale, plusieurs questions essentielles demeurent sans réponse. Les points d’achoppement concernent notamment l’absence d’un mécanisme clair de surveillance par le Conseil de sécurité, le flou entourant le rôle futur de l’Autorité palestinienne, ainsi que le degré exact d’autorité et les modalités d’intervention de l’ISF.

Autant d’interrogations qui, pour l’heure, empêchent un consensus rapide. Et si Washington tente d’imposer un tempo rapide, rappelant que la situation humanitaire à Gaza ne permet aucun retard, nombre de diplomates restent prudents: entériner sans contrepoids un dispositif aussi étendu, piloté principalement par les États-Unis, pourrait redéfinir durablement l’équilibre politique dans la région.

Dans les jours à venir, tout dépendra donc de la capacité de Washington à arrondir les angles et à répondre aux réserves des membres encore sceptiques. Sans cela, l’«occasion historique» mise en avant par l’administration américaine pourrait se transformer en nouveau blocage diplomatique — avec, en toile de fond, les Gazaouis comme premiers concernés.

Par Le360 (avec AFP)
Le 14/11/2025 à 06h31