«Empêcher l’acheminement de l’aide peut constituer un crime», a déclaré dimanche le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan, après s’être rendu au poste-frontière de Rafah, reliant l’Égypte à Gaza, où s’entasse l’aide internationale à destination des civils palestiniens. «Israël doit s’assurer sans délai que les civils reçoivent de la nourriture, des médicaments», a ajouté M. Khan.
Le territoire palestinien, bombardé sans répit par l’armée israélienne en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël, est aussi soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» qui prive sa population d’eau, de nourriture et d’électricité.
Les appels se sont multipliés ces derniers jours pour laisser passer l’aide vers Gaza, qui subit un blocus israélien depuis 2007. La Maison Blanche a fait état, le dimanche 29 octobre, d’un appel du président Joe Biden au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans lequel il «a souligné la nécessité d’augmenter immédiatement et considérablement le flux d’aide humanitaire».
33 camions d’aides humanitaires
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 33 camions d’aides sont entrés à Gaza dimanche, soit le convoi le plus important depuis les premiers camions le 21 octobre. Au total 117 camions d’aide humanitaire ont pu entrer à Gaza depuis cette date. «Une aide bienvenue» mais insuffisante, estime l’OCHA, qui craint «une nouvelle détérioration de la situation humanitaire désastreuse».
Sur le terrain, le Hamas a fait état dimanche soir de «violents combats (...) au moyen d’armes automatiques et antichars» dans le nord de Gaza, où l’armée israélienne opère également au sol depuis vendredi soir.
Des milliers de bâtiments ont été rasés dans ce territoire surpeuplé de 2,4 millions d’habitants, dont 1,4 million ont été contraints à se déplacer. Plus de 1.400 personnes sont mortes, essentiellement des civils, lors de l’attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien en Israël. Côté palestinien, plus de 8.000 personnes, majoritairement des civils, et dont près de la moitié sont des enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le début des bombardements israéliens.
Menaces contre les hôpitaux
Selon le Croissant-Rouge palestinien, les abords d’un de ses hôpitaux ont été bombardés à plusieurs reprises, mettant en péril les patients et les milliers de civils venus s’y réfugier. «Nous avons reçu des menaces» d’Israël pour «évacuer immédiatement l’hôpital al-Quds car il allait être bombardé», a déclaré à l’AFP le directeur de l’hôpital, Bachar Mourad.
«Nous réitérons qu’il est impossible d’évacuer des hôpitaux remplis de patients sans mettre leur vie en danger», a écrit le chef de l’Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus. Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher des armes ou des combattants, ce que le Hamas dément.
Face à l’insuffisance de l’aide humanitaire, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a mis en garde dimanche contre un écroulement de «l’ordre public» au lendemain du pillage d’entrepôts et de centres de distribution d’aide alimentaire.
À Rafah, au sud de Gaza, Souleimane al-Houli déplore les scènes de foule devant sa boulangerie. «Je suis bouleversé, je ne peux pas donner du pain à tout le monde. La boulangerie ne produit que 30 fournées par heure».
Frappes en Syrie
Alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional, l’armée israélienne a annoncé lundi avoir frappé plusieurs cibles en Syrie en réponse à des tirs de roquette. Les tensions sont également fortes à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre l’armée israélienne et des groupes armés pro-palestiniens, dont le Hezbollah libanais.
En Cisjordanie occupée, plus de 110 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens. Et près de 1.000 Palestiniens ont été forcés de quitter leur logement, selon l’ONU.