«L'armée russe pilonne Lyssytchansk à coups de canons, de missiles, de bombes aériennes, de lance-roquettes... Ils détruisent tout», a affirmé sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, l'épicentre de la confrontation entre armées ukrainienne et russe.
«Aussi activement que nous nous battons pour une décision positive de l'Union européenne sur la candidature de l'Ukraine, nous nous battons quotidiennement pour obtenir des fournitures d'armes modernes», a dit mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a passé sa journée au téléphone à tenter de rallier des soutiens auprès des Vingt-Sept.
Un optimisme conforté par les propos du ministre des Affaires européennes français Clément Beaune dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE. Il a fait état d'un «consensus total» qui a émergé au sein des Vingt-Sept lors d'une réunion avec ses homologues à Luxembourg, concernant cette requête, qui doit encore être officiellement validée jeudi lors d'un sommet.
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Pendant ce temps, le ton est monté entre Moscou et un membre de l'UE, la Lituanie, après la mise en application par cette ex-république soviétique de sanctions européennes liées à l'invasion de l'Ukraine.
Qualifiant d’«actes hostiles» les restrictions imposées par les autorités lituaniennes sur le transit par voie ferrée de marchandises frappées par ces sanctions en direction de Kaliningrad, Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, a déclaré, lors d'une visite dans cette enclave russe sur la Baltique, que «des mesures appropriées» seraient «adoptées prochainement» et qu'elles auraient «de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie».
Sur le plan de l'armement, Kiev s'est félicitée mardi de l'arrivée de canons automoteurs allemands Panzerhaubitze 2000 qui viennent compléter son arsenal.
Dans le Donbass (est), les Russes «contrôlent» désormais le village de Tochkivka sur la ligne de front, à quelques kilomètres de Severodonetsk et de la ville voisine de Lyssytchansk où les combats font rage, a reconnu le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.
La région de Lougansk est depuis plusieurs semaines le théâtre de violents combats d'artillerie entre forces russes et ukrainiennes, est presque entièrement contrôlée par les forces de Moscou. Seule la poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk échappe encore au contrôle de l'armée russe.
Après le bombardement la semaine dernière de Lyssytchansk, séparée de Severodonetsk par la Donets, rivière infranchissable depuis que les ponts y ont été détruits, Alla Bor, professeure d'histoire, s'est résolue à fuir avec son gendre et son petit-fils.
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«J'ai pris peur. Nous abandonnons tout et partons. Personne ne peut survivre à une telle frappe», a-t-elle expliqué à des journalistes de l'AFP.
«C'est inhumain»«Nous avons tout abandonné, nous quittons notre maison. Nous avons laissé notre chien avec de la nourriture. C'est inhumain, mais que pouvons-nous faire?», se lamente-t-elle.
Une équipe de l'AFP a vu des soldats ukrainiens creuser une tranchée devant servir de poste de tir dans une rue du centre de Lyssytchansk et ériger des barricades avec des barbelés et des branches.
«De nombreux habitants qui sont restés attendent le monde russe», explique Jaconda, faisant allusion à la volonté du président russe Vladimir Poutine de restaurer l'influence russe dans les régions limitrophes de la Russie.
A Severodonetsk, «les combats font rage autour de la zone industrielle» où, d'après les autorités locales, 568 personnes dont 38 enfants -essentiellement des employés et leurs familles- sont désormais réfugiées à l'intérieur de l'usine Azot, selon le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.
Ils refusent d'évacuer, selon Serguiï Gaïdaï, qui a assuré qu'ils reçoivent de la nourriture, de l'eau et quelques médicaments de base.
Cette usine est emblématique de cette ville industrielle qui comptait environ 100.000 habitants avant la guerre. La prise de la ville par Moscou serait une étape importante vers la conquête de l'intégralité du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Le président ukrainien a exhorté son armée à «tenir», jugeant que l'issue de la guerre dépendrait de sa résistance et de sa capacité à freiner l'armée russe et à lui infliger des pertes.
Dans la région de Kharkiv (nord-est), le gouverneur Oleg Synegoubov a annoncé sur sa chaîne Telegram que 15 personnes, dont un enfant de huit ans, ont été tuées mardi et 16 blessées sous le feu de l'artillerie russe.
Plusieurs villes du Donbass encore sous le contrôle de Kiev se préparent à une nouvelle avancée des troupes russes, comme Sloviansk et Kramatorsk, à l'est de Severodonetsk.
«Véritables héros»L'Ukraine a indiqué mardi avoir visé la veille des plateformes de forage d'hydrocarbures en mer Noire, utilisées selon elle comme «installations» militaires par les Russes pour renforcer leur contrôle dans la région.
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«Nous sommes fiers qu'(en Ukraine), nos combattants agissent avec courage, professionnalisme, comme de véritables héros», a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d'une allocution au Kremlin devant les jeunes diplômés des académies militaires russes et les plus hauts cadres de l'armée.
Vladimir Poutine s'est aussi dit «sûr» que les sanctions qui frappent la Russie seront «surmontées».
A Washington, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a jugé «effroyable» que Moscou évoque la possibilité d'imposer la peine de mort à deux Américains capturés par la Russie en Ukraine, et confirmé qu'un deuxième ressortissant américain avait été tué au combat dans ce pays.