Guinée: 1548 personnes en détention préventive illégale dans les prisons

DR

Une commission de suivi de la détention préventive en Guinée mise en place par le ministère de la Justice et Garde des sceaux a livré ses conclusions. Au total 1548 personnes parmi la population carcérale ont largement dépassé leur temps de détention préventive.

Le 03/03/2016 à 19h48

Les conclusions de la commission chargée de recenser les cas de détentions préventives sont sans appel. Les prisons guinéennes comptent 1548 personnes en détention irrégulière.

Selon le ministre guinéen de la Justice, Me Cheick Sacko, qui commentait mercredi 2 mars le travail de la commission, 700 personnes sont détenues pour des cas criminels. Le reste est incarcéré pour des cas correctionnels. Une situation suffisamment «grave» aux yeux du ministre Sacko.

Le rapport révèle en outre que la majorité des détentions préventives irrégulières pour des faits criminels a été recensée dans la capitale Conakry et à Labé (au centre). Il souligne par ailleurs que sur 1548 détenus, environ 11% sont des femmes.

Le code pénal guinéen prévoit quatre mois de détention préventive renouvelable une fois pour les infractions et délits dits mineurs, et six mois renouvelables une fois pour les crimes et viols.

Selon le rapport rendu public le 2 mars 2016 les détentions excessives sont causées par «la lenteur des procédures, le non-respect des règles de procédures, ainsi que l’organisation de façon sporadique des sessions de la Cour d’assise».

Enfin, le document fustige l’absence de contrôles et de visites dans les prisons. C’est ainsi qu’une femme interpellée pour «coups et blessures ayant entrainé la mort» est détenue depuis treize ans.

La commission provisoire portant sur le suivi et la détention provisoire a été créée en janvier dernier. Composée de quatre personnes dont un Président issu du Parquet général, un vice-président qui est avocat et de deux membres issus d’ONG de défense des droits humains, elle avait pour mission de dresser un état des lieux exhaustif des détentions provisoires dans tous les établissements pénitentiaires du pays.

Sa création s’inscrit dans le cadre du processus de la réforme du secteur de la Justice. Son rapport devrait permettre aux autorités judiciaires d’accélérer le traitement de certains dossiers afin de «décongestionner» les prions.

Par Ougna Elie Camara
Le 03/03/2016 à 19h48