Dans son rapport annuel 2016 au sujet des droits humains dans le monde en 2015, Human Rights Watch souline que les atteintes répétées aux droits de l’homme ont diminuée en Guinée, en dépit des tensions enregistrées pendant le processus électoral. L’ONG de défense des droits humains révèle que la Guinée a fourni des efforts pour le renforcement de son système judiciaire et de l’Etat de droit.
Elle estime que ces progrès sont dus en partie à la création d’un ministère en charge des Droits de l’homme, et la volonté du pouvoir de lutter contre les graves atteintes aux droits humains.
«Les signalements d’atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité ont diminué», souligne HRW dans le document. «Le gouvernement a quelque peu progressé dans l’exercice de la justice et dans les démarches visant à s’assurer que l’on rende compte des atrocités commises par le passé, notamment le massacre de manifestants non armés par les forces de sécurité dans un stade en 2009», indique l’organisme basé à Washington, tout en citant d’autres crimes commis en 2007, 2010, 2012 et 2013.
Selon le document, les conditions de travail des juges se sont nettement améliorées. Il salue aussi les sanctions imposées à plusieurs juges pour corruption et comportement non professionnel par le Conseil supérieur de la magistrature.
Dans le domaine de la sécurité, le rapport fait état d’une amélioration de la discipline au sein des forces de sécurité, malgré quelques réactions disproportionnées des forces sécuritaires ayant entrainé la mort de quelques manifestants de l’opposition pendant la campagne électorale.
«La hiérarchie militaire a veillé à ce que l’armée et la garde présidentielle restent dans leurs casernes, et les forces mandatées pour répondre aux troubles civils—la police et la gendarmerie—l’ont fait de manière proportionnée et sous contrôle civil», peut-on lire dans le rapport.
Seuls bémols, Human Rights Watch déplore la surpopulation des prisons du pays. Elle étaye son argument par la Prison de civile de Conakry, la plus grande maison carcérale de Guinée «conçue pour 300 détenus» et qui abrite régulièrement «plus de 1200». Aussi, l’organisme dénonce les détentions préventives prolongées, et ce qu’elle appelle le manque d’indépendance judiciaire.
Naturellement, le gouvernement jubile au lendemain de la publication de ce rapport. Surtout que le jugement est émis par une ONG qui s’est toujours montrée critique à son égard. «C’est une appréciation que nous considérons comme une reconnaissance des efforts que nous fournissons pour la promotion des droits humains en Guinée», a confié son Porte-parole Albert Damatang Camara.
Le pouvoir évite cependant de tomber dans l’excès de joie et estime ne faire que son travail. «Nous ne faisons pas ce que faisons pour la reconnaissance des organisations internationales. Nous le faisons parce que nous le considérons comme une nécessité absolue, dans le cadre du développement de notre pays», a dit Camara dans un entretien accordé à Le360.
De son côté, l’opposition relative. Elle se réserve même de voir les choses dans le même sens que HRW. A l’image du Dr Faya Millimouno, président du Bloc libéral, l’opposition estime que l’ONG gagnerait mieux en élargissant ses sources. «Human Rights Watch est suffisamment crédible, mais il faut relativiser ce rapport. Il y a eu beaucoup de violations de droits de l’homme en 2015», a-t-il indiqué tout en balayant d’un revers de main l’hypothèse d’une amélioration du respect des droits de l’homme en Guinée.