Le président guinéen, Alpha Condé, a nommé l’ancien ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Diaré, comme Premier président de la Cour des comptes guinéenne, un organisme qui vient d’être institué pour la première fois en Guinée. Sa création en lieu et place de la Chambre des comptes, autrefois logée à la Cour suprême, était une des exigences de la nouvelle Constitution adoptée en 2010.
Sous la houlette de Mohamed Diaré, la Cour va statuer sur les comptes publics, ainsi que ceux des collectivités territoriales et locales, des établissements publics, des entreprises publiques et parapubliques et de tout organisme et institution bénéficiant de concours financiers de l’Etat.
Par ailleurs, elle a pour mandat de vérifier l’orthodoxie des comptes de campagnes électorales des parties politiques. Enfin, la Constitution lui donne mandat de contrôler la teneur des déclarations des biens du Président de la République et des hauts fonctionnaires, telles qu’exigées par la Constitution du pays.
Selon les dispositions de la Constitution guinéenne, la Cour des comptes est chargée de mener un «contrôle a posteriori des finances publiques». Pas surprenant donc qu’elle soit dirigée par un ancien ministre qui connait parfaitement les rouages de l’économie guinéenne, pour avoir fait sa carrière entre les couloirs du ministère du Budget et celui en charge de l’Economie et des Finances.
Cette institution compte dix membres, dont une femme. Les membres de cette jeune institution sont pour la plus part d’anciens ministres issus du monde des finances, des magistrats et des administrateurs civils.
La Cour des comptes est la dernière institution constitutionnelle à voir le jour en Guinée. Elle vient après la Commission électorale, l’Assemblée nationale, l’Institution nationale indépendante des droits humains et la Cour constitutionnelle.
Au lendemain de son institution, les analystes à Conakry sont unanimes que sa création constitue un grand pas vers le renforcement de la démocratie dans le pays. Ils estiment que son absence était préjudiciable à la bonne marche de la démocratie.
La Cour des comptes est prévue à l'article 116 de la Constitution guinéenne adoptée en 2010. Mais c'est le 18 janvier 2013 que la Loi organique portant organisation, attributions et fonctionnement de la Cour des comptes, ainsi que le régime disciplinaire de ses membres, a été adoptée par le Conseil national de transition (l'équivalent de l'assemblée nationale à l'époque). Depuis, aucune nouvelle étape n'a été franchie jusqu'à la nomination le vendredi 8 janvier 2016 de ses membres.