La Guinée veut accroître sa production énergétique et finir avec le cycle de délestages. Le second barrage hydroélectrique de l’ère Alpha Condé s’inscrit dans cet objectif. Situé sur le fleuve Konkouré, à 6 km en amont du barrage hydroélectrique de Kaléta inauguré en 28 septembre dernier, Souapiti aura une puissance installée de 515 mégawatts.
Les études de faisabilités révèlent que le projet sera composé d’un barrage d’une hauteur de 116 mètres sur terrain naturel et d’une longueur de 1.125 mètres à la crête.
A la cérémonie de pose de la première pierre, Lansana Fofana, Directeur général de Kaléta qui assurera la supervision de ce nouveau projet, a indiqué que le barrage aura «une retenue d’eau de 320 km², avec une chute normale de 100 mètres».
Le barrage disposera également d’une centrale de production semi-enterrée, équipée de cinq turbines et d’un poste de départ de 225 kilovolts. Le coût de réalisation de cet ouvrage est estimé pour l’instant à 1,5 milliard de dollars. Le schéma de financement prévoit un partenariat public-privé, impliquant l’Etat guinéen, Exim Bank de Chine et d’autres investisseurs privés. Les travaux dureront 58 mois.
Confirmation chinoise
Comme Kaléta, le nouveau projet sera exécuté par China International Water & Electric Corp. (CWE), une entreprise chinoise, filiale du groupe des Trois Gorges de Chine. La compagnie bénéficie de la confiance des autorités guinéennes pour avoir bouclé le premier contrat avec un an d’avance, dans un contexte marqué par la fièvre Ebola.
Ses dirigeants ont réaffirmé leur soutien aux autorités dans leur combat pour l’électrification du pays. Ils ont promis de mettre les bouchées doubles cette fois encore pour l’exécution rapide et efficace de Souapiti. «Des années durant, le déficit d’électricité en Guinée a sérieusement entravé le développement de l’économie locale. Nous promettons que nous allons achever ce projet d’aménagement hydroélectrique dans le délai, tout en respectant la qualité des travaux», a fait remarquer Chen Xianming, vice-président de CWE.
La République populaire de Chine a mis l’occasion à profit pour afficher ses ambitions qui consistent à jouer un rôle de premier plan dans divers secteurs en Guinée.
C’est en tout cas ce qu’a affirmé l’ambassadeur de la Chine à Conakry. Selon Jian Qiang Biang, son pays accorde une grande importance au développement des relations sino-guinéennes. Le diplomate a annoncé sa volonté de renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays et a promis d’approfondir très bientôt les discussions avec Conakry sur des secteurs relatifs à l’industrialisation, la modernisation agricole et les infrastructures, etc.
Transformation de l’industrie minière
Le projet hydroélectrique de Souapiti dormait dans les tiroirs depuis 1947. En le réanimant, le président Alpha Condé espère booster les secteurs porteurs de croissance. En particulier, celui des mines, premier pourvoyeur de devises du pays.
Il estime que l’autosuffisance énergétique favorisera la transformation sur place des minerais comme le fer et surtout la bauxite dont le pays dispose des 2/3 des réserves mondiales. Le président guinéen a appelé de vive voix à la fin de l’exportation des minerais de l’Afrique vers les autres continents. «Il est important que l’Afrique puisse transformer ses matières premières tant agricoles que minières sur place. Car cela va donner du travail à notre jeunesse et permettre à notre économie de se développer», a-t-il souligné dans son discours de lancement du projet.
Les travaux du barrage de Souapiti ont été lancés en présence du président gambien Yaya Jammeh. Selon Condé, la Guinée exportera une partie de son énergie vers ses voisins, dont la Gambie.