La coalition des partis d’opposition au Niger, par la voix de son chef de file Séïni Oumarou, a annoncé dans un communiqué publié en début de semaine la récusation du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Guinée.
En effet, Bakary Fofana a été désigné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour faire partie d’une délégation sous-régionale qui doit se rendre à Niamey, Niger. La délégation est conduite par le Général Abdulsalami Abubakar, ex-chef d’Etat du Nigéria. Sa mission est censée baliser le chemin pour une élection présidentielle apaisée dont le premier tour est fixé au 21 février 2016.
Officiellement, M. Oumarou et ses collègues reprochent à Fofana d’être le principal artisan des élections législatives de 2013 et la présidentielle de 2015 dans son pays, la Guinée, qu’ils jugent émaillées de fraudes et d’irrégularités inacceptables. «Ce supposé expert électoral qui n’a pas su organiser des élections apaisées en Guinée, ne peut venir donner des leçons aux nigériens», a confié Séïni Oumarou à la presse nigérienne. «Nous constatons avec étonnement qu’au nombre des membres de nos hôtes se trouve un supposé expert électoral en la personne de Bakary Fofana, président de la CENI de la République de Guinée-Conakry qui est mal placé et disqualifié pour donner des leçons d’élections libres, démocratiques et surtout transparentes aux nigériens», a-t-il ajouté.
Les opposants au régime du président Mahmadou Issoufou ne rejettent pas l’idée de la CEDEAO d’envoyer un expert électoral international dans le pays. Mais ils insistent sur le fait que le guinéen Fofana ne leur inspire pas confiance. Pour eux, il exige qu’il soit remplacé par une autre personnalité beaucoup plus consensuelle.
A la Commission électorale nationale indépendante de Guinée où visiblement un malaise règne depuis l’annonce de la décision de l’opposition nigérienne, on se refuse de tout commentaire pour l’instant.
En attendant, l’opposition guinéenne a déjà saisi la balle au rebond. Elle affirme que la décision de son homologue du Niger est bien fondée. Selon le Dr Faya Millimouno, candidat du Bloc libéral à l’élection présidentielle guinéenne d’octobre dernier, cette récusation est un déshonneur pour la Guinée.
«Je ne reconnais pas en Bakary Fofana une expertise en matière de processus électoral. Pour quelqu’un qui a une expertise, on l’a vu organiser les élections législatives et la présidentielle. Les deux élections ont été un échec», a-t-il confié à Le360. Pour l’opposant qui a obtenu 1,38% des suffrages, cette situation relance le débat du choix des représentants guinéens sur l’arène internationale. « Il faut faire en sorte que les hommes et les femmes à qui on confie certaines responsabilités soient choisis en fonction de leur compétence, de leur expérience et de leur intégrité», préconise Faya Millimouno.