Le ministère de la Justice a promis d’importantes avancées dans le «dossier du 28 septembre». Longtemps critiqué par les organisations de défense des droits humains pour sa lenteur, il a annoncé ce mercredi 13 janvier que la Justice guinéenne passera cette année à la vitesse supérieure. «Les choses iront vite et beaucoup de gens seront surpris», a martelé le ministre de la Justice et Garde des sceaux, Cheik Sacko.
Il a cependant refusé tout commentaire sur la date exacte à laquelle le procès devrait commencer, brandissant la nature hautement sensible du dossier. Selon lui, la procédure suit son cours normal et plusieurs personnes civiles comme militaires pourraient être auditionnées, voire inculpées.
Rappelons que les faits en rapport avec ce dossier remontent au 28 septembre 2009. Ce jour, au stade de Conakry également appelé «28 septembre», des milliers de civils répondent à l’appel des principaux leaders de l’opposition pour protester contre toute confiscation du pouvoir par le chef de la junte militaire le capitaine Moussa Dadis Camara. Des éléments de la garde présidentielle font irruption dans le stade et ouvre le feu sur les manifestants. La manifestation pacifique vire à un carnage. Au moins 157 personnes sont tuées, selon un rapport international commandité par l’ONU. On dénombre aussi plusieurs centaines de blessés et environ 109 cas de viols.
Depuis, 392 victimes se sont constituées partie civile. Le bureau du Procureur de la CPI qui croit que «des crimes contre l’humanité» ont été perpétrés à Conakry, ce jour là, s’est saisi du dossier. Une douzaine de missions a été effectuée à Conakry.
Mais la CPI a laissé le soin à la Justice guinéenne de faire la lumière dans ce dossier, tout en rappelant qu’elle pourrait intervenir lorsque les tribunaux nationaux afficheront leur incapacité.
Le dossier a enregistré quelques progrès depuis l’arrivée aux affaires de Cheick Sacko en janvier 2014. Un Pool de juges constitué par les autorités guinéennes a réussi à inculper 14 personnes, y compris sept hauts responsables dont Moussa Dadis Camara, le chef de la junte militaire. Celui-ci vit toujours en convalescence, à Ouagadougou au Burkina Faso, depuis la tentative d’assassinat contre sa personne en décembre 2009.
Les organisations de défense des droits de l’homme comme la FIDH, Human Rights Watch et l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (AVIPA) affirment également avoir constaté ces progrès. Elles espèrent que les éléments réunis permettront l’ouverture d’un procès à fin d’obtenir justice et réparation.