Dans les médias guinéens, certains voient la dernière sortie de l’Union de forces républicaines (UFR) comme un retournement de veste en vue d’intégrer la prochaine équipe gouvernementale que mettra en place le président Alpha Condé. Repris par plusieurs sites d’informations, le communiqué du parti, dirigé par l’ancien Premier ministre Sidya Touré, farouche opposant au régime de Condé, «félicite le président Alpha Condé pour sa réélection et lui demande de poursuivre son engagement à défendre et à servir avec ardeur les intérêts de la Guinée et de tous les Guinéens ».
A défaut d’être de bons perdants, les analystes voient en ce message une volonté de se rapprocher du régime en place en vue de la formation du nouveau gouvernement de Condé. «L’UFR est aujourd’hui incarcérée entre deux positions contradictoires. D’un côté, elle revendique un poids politique qui aurait été malmené par la fraude et, de l’autre côté, elle affiche sa volonté de faire partie de la soupe populaire», commente un responsable politique dans les colonnes de guineenews.org.
Le parti de Sidya Touré était en effet aux premières lignes, dès le lendemain de l’élection présidentielle, à dénoncer des fraudes et des irrégularités dans le déroulement des votes. Toutefois, depuis la rencontre entre Touré et le président Condé, ce sont les alliances qui semblent primer, quitte à cautionner une élection controversée. «Depuis leur rencontre le 23 octobre dernier, ces deux acteurs politiques semblent désormais conjuguer le même verbe. La formation politique dirigée par Sidya Touré pourrait d’ailleurs être représentée dans la prochaine équipe gouvernementale d’Alpha Condé », résume africaguinee.com.
Alpha Condé, lui-même, n’hésite pas à surfer sur cette tentation à s’allier avec ses adversaires vaincus. Il y a quelques semaines, avant même la confirmation de sa victoire par la Cour constitutionnelle, il recevait à Paris un représentant du principal parti d’opposition et dauphin aux élections, l’UFDG, mené par Cellou Dallein Diallo. D’autres responsables de l’opposition ont aussi été reçus par le président fraîchement réélu. Pour certains analystes, une recomposition du paysage politique guinéen est inévitable. «Chacun va devoir choisir son camp pour qu’on ait un environnement politique plus sain», conclut guineenews.org.