C’est en juillet 2011 que le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le plus grand parti de l’opposition, est contraint à l’exil, en France, suite à une attaque armée contre une résidence privée du Chef de l’Etat, Alpha Condé, en banlieue de Conakry. Il est condamné deux ans plus tard par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle supposé dans l’assaut.
Ce retour de l’opposant fait suite à d’intenses médiations menées entre Conakry, Dakar et Paris par des proches du pouvoir de Conakry. Ces tractations visant la décrispation du climat politique, ont abouti à un tête-à-tête entre le président et l’opposant, à Paris, en octobre. Et comme suite logique, Bah figurera parmi les 171 personnes graciées par le président, le 24 décembre dernier.
Amadou Bah Oury s’annonce désormais comme un leader qui vient combattre sur deux fronts. Lutter pour l’enracinement de la démocratie dans son pays, d’une part, et combattre l’injustice et la dictature qui "régner" au sein de sa propre famille politique, l’UFDG, d’autre part.
En s’exprimant dimanche à sa descente d’avion à Conakry, il a promis de privilégier l’intérêt du pays. Et de s’investir pour la libération des personnes emprisonnées suite à l’attaque de la résidence de Condé. «Je travaillerai avec intelligence pour que tout le monde puisse recouvrir sa liberté. La situation actuelle, au-delà de ma petite personne, c’est la Guinée qui est en jeu. Nous avons l’obligation politique et morale d’œuvrer pour qu’il y ait une véritable décrispation qui s’enclenche avec une action politique dans la durée, où il n’y aura plus d’exilés, où il n’y aura plus de détenus politiques », a-t-il déclaré à la presse.
Vers la fin de son exil, le vice-président de l’UFDG n’était plus sur la même longueur d’onde que son président Cellou Dalein Diallo. Il accuse ce dernier de n’avoir pas mouillé le maillot pour mettre un terme à son exil. En outre, il lui reproche des prises de décisions ayant contribué à l’affaiblissement du parti et à son échec aux consultations électorales des cinq dernières années.
Pour mettre de l’ordre, l’ancien exilé se dit favorable à une refonte de la formation politique. Il n’exclut plus de prendre les rênes du parti et d’en extirper les calomniateurs. «Je suis l'incarnation d'une dynamique d'unité qui a fait de l'UFDG ce qu'elle est aujourd'hui.
Ceux qui insultent les militants, ceux qui racontent des mensonges et du n’importe quoi contre un ou des dirigeants de l'UFDG, vont dans le sens de la désunion. Ce sont des ennemis de l'UFDG», a-t-il lancé dimanche, non sans être hué par les supporters de son président Cellou Dalein Diallo. Celui-ci qui est également le chef de file de l’opposition appelle à la tolérance et au respect des instances du parti.
Pour beaucoup d’observateurs, le principal parti de l’opposition est entré dans une zone de turbulence. Les plus pessimistes prédisent déjà le clash imminent entre un président jugé «modéré» mais farouchement opposé au régime Condé, et un vice-président «gracié» dont les critiques acerbes à l’encontre du pouvoir cèdent la place aux discours conciliants.