Le rabbin Eliezer Berland a été reconnu coupable de gestes à caractère sexuel contre ses victimes, de les avoir embrassées contre leur gré et de s'être frotté à elles. C'est ce a rapporté le ministère de la Justice israélien dans un communiqué. Après avoir nié sa culpabilité, le mis en cause a fini par plaider coupable contre une peine limitée à 18 mois ferme, alors qu'il encourait davantage.
Eliezer Berland, 78 ans, est le leader spirituel d'un important groupe hassidique, un des deux grands courants du monde des juifs ultra-orthodoxes, c'est-à-dire respectant strictement les lois juives dans tous les aspects de la vie quotidienne. De nombreux fidèles restent persuadés de son innocence, même depuis son arrestation au terme d'une traque extrêmement médiatisée.
Eliezer Berland, boucles rituelles, longue barbe blanche et tenue noire caractéristique de son culte, a fui d'Israël quand plusieurs femmes l'ont dénoncé en 2013. De nombreux fidèles l'ont suivi au Maroc, en Afrique du sud, au Zimbabwe et aux Pays-Bas. Il a été arrêté à Johannesbourg et extradé en juillet.
Le rabbin Berland s'était fait connaître dans les années 80 en organisant des pèlerinages clandestins à Ouman, en Ukraine, sur la tombe du fondateur du mouvement Breslev auquel il appartient. Le pèlerinage est devenu populaire depuis la chute du régime communiste.
Il poussait ses disciples à effectuer le pèlerinage controversé sur la tombe présumée de Joseph, le fils du patriarche Jacob, dans la ville palestinienne de Naplouse en Cisjordanie occupée, malgré l'interdiction des autorités israéliennes. Ces dernières n'autorisent ces visites qu'une fois par mois sous haute protection de l'armée.
Recouvert d'un talit (châle de prières) et accompagné par des centaines de fidèles venus le soutenir en chantant, Eliezer Berland a affirmé mardi devant la cour "regretter ses actes du fond du coeur". "Pour de tels actes, la Bible aurait prononcé le châtiment de lapidation", a-t-il dit.
"Je n'aurai plus de contacts avec les femmes", a-t-il ajouté. Sa page Facebook, suivie par plus de 17.000 personnes, demande à ses partisans de continuer à le soutenir, "l'accord passé avec la justice ne reflétant pas la vérité".
Sara Markovitz, l'avocate d'une des plaignantes, a également dénoncé l'accord, mais pour déplorer l'absence de véritable procès.
"Le message adressé aux femmes victimes d'attouchements, c'est que porter plainte ne sert à rien", a-t-elle déclaré.