À quelques minutes de l’expiration de la trêve, prévue ce jeudi à 05H00 GMT, l’armée israélienne a annoncé sur X (ex-Twitter) que «la pause opérationnelle va continuer à la lumière des efforts des médiateurs pour poursuivre le processus de libération des personnes enlevées», après un sixième échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens dans la nuit.
Le bureau du Premier ministre israélien a indiqué que le gouvernement israélien avait décidé de reprendre les combats «immédiatement» si une liste des prochains otages qui seront libérés ne lui était pas fournie par le Hamas avant 05H00 GMT. «Il y a peu de temps, Israël a reçu une liste de femmes et d’enfants conformément aux termes de l’accord, et par conséquent la trêve va continuer», a-t-il ajouté.
Le Hamas a annoncé à son tour que la trêve allait continuer pour un «septième jour», ce qu’a confirmé ensuite le Qatar, principal médiateur avec le soutien des États-Unis et de l’Égypte.
Entrée en vigueur le 24 novembre pour quatre jours et prolongée de deux, la trêve a déjà permis la libération de 70 otages israéliens et de 210 prisonniers palestiniens. En outre, une trentaine d’étrangers, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord. Et l’aide humanitaire a afflué davantage dans la bande de Gaza assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est arrivé jeudi en Israël, où il doit rencontrer notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour faire pression pour une prolongation de la trêve, avant de se rendre en Cisjordanie occupée. «Dans les prochains jours, nous serons focalisés sur la manière de faire ce que l’on peut pour prolonger la pause afin que nous puissions continuer à faire sortir plus d’otages et à faire entrer plus d’aide», avait-il déclaré mercredi en marge d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles.
Seize nouveaux otages libérés
Avant l’annonce de la prolongation de la trêve, les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, et l’armée israélienne avaient annoncé qu’elles étaient prêtes à reprendre le combat.
Pendant que les négociations se poursuivaient en coulisses, le sixième échange de prisonniers palestiniens contre des otages du Hamas a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi.
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Dix otages israéliens, dont cinq binationaux (un Néerlandais, trois Allemands et un Américain), ainsi que deux Russes et quatre Thaïlandais ont été remis par le Hamas à la Croix Rouge internationale, avant d’être conduits en Israël.
En échange, trente Palestiniens (16 mineurs et 14 femmes) détenus dans plusieurs prisons israéliennes ont ensuite été libérés.
Parmi les personnes libérées se trouve Ahed Tamimi, une militante de 22 ans, icône de la lutte contre l’occupation israélienne. Elle avait été arrêtée le 6 novembre pour une publication sur Instagram qui, selon des sources israéliennes, appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.
Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, a affirmé qu’Ahed n’a jamais effectué cette publication, ses comptes sur les réseaux sociaux étant systématiquement bloqués par Israël.
Heurts devant la prison
Les prisonniers libérés ont été accueillis par des célébrations en Cisjordanie. Mais des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à l’extérieur de la prison d’Ofer, près de Ramallah. Selon le Croissant Rouge palestinien, cinq personnes ont été blessées, dont une grièvement, par des tirs à balles réelles.
La guerre a commencé le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont lancé une attaque en Israël, d’une ampleur inédite. Environ 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées et environ 240 enlevées selon les autorités.
En représailles, Israël a promis d’«anéantir» le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu’à la trêve le 24 novembre. D’après le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.
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L’accord de trêve a accéléré l’entrée de l’aide humanitaire, qui arrivait auparavant au compte-gouttes. Mais «le volume d’aide qui parvient aux Palestiniens à Gaza est toujours totalement insuffisant», a dénoncé mercredi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. «Nous pensons que nous avons besoin d’un véritable cessez-le-feu humanitaire», a-t-il plaidé.
«La population de Gaza vit au milieu d’une catastrophe humanitaire monumentale, sous les yeux du monde. Nous ne devons pas détourner les yeux», a martelé le chef de l’ONU.
Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, la bande de Gaza a été placée le 9 octobre en état de siège total par Israël.
Selon l’ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits.
«J’aurais souhaité mourir»
Des milliers de déplacés ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, la partie du territoire la plus dévastée, ignorant l’interdiction de l’armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.
«Si j’avais su que la vie dans le sud serait ainsi, je ne serais pas partie, j’aurais souhaité mourir, cela aurait été mieux que la situation dans laquelle je vis maintenant», se plaint à l’AFP Waed Taha, une Palestinienne qui a quitté au bout de deux semaines de guerre son logement dans «une zone considérée comme très dangereuse» dans le nord de la bande de Gaza.
«Après mon arrivée à Khan Younès et au camp, je suis restée toute une journée en état de choc, sans parler, après avoir vu les tentes. Nous voyons les photos et les images de la Nakba de 1948 à la télévision, mais (maintenant) je les vois pour de vrai», poursuit-elle.
La «Nakba» («Catastrophe») fait référence à l’expulsion massive des Palestiniens d’Israël lors de la première guerre israélo-arabe.
«La vie ici est très dure, féroce et les gens sont devenus diaboliques», poursuit-elle, évoquant des «querelles quotidiennes» entre déplacés et les «maladies qui se répandent».