Le 9 décembre, malgré la pression inédite du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, les États-Unis avaient bloqué au Conseil l’adoption d’une résolution appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Gaza où l’armée israélienne poursuit ses frappes meurtrières en représailles à l’attaque sanglante sans précédent du Hamas du 7 octobre.
La semaine dernière, l’Assemblée générale a elle adopté cette même résolution par 153 voix pour, 10 contre et 23 abstentions, sur 193 États membres.
Fort de ce soutien écrasant, les pays arabes ont annoncé une nouvelle tentative au Conseil de sécurité, à l’issue encore incertaine.
Le nouveau projet de texte préparé par les Émirats arabes unis, vu par l’AFP, «appelle à une cessation urgente et durable des hostilités pour permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza».
Il exige en particulier que les parties au conflit facilitent l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza, «par la terre, la mer et les airs».
Le projet affirme également son soutien à la solution à deux États et «souligne l’importance d’unifier la bande de Gaza et la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne».
Comme le précédent et celui adopté par l’Assemblée générale, ce texte ne nomme pas le Hamas, une absence systématiquement fustigée par les États-Unis et Israël. Il condamne en revanche «toutes les attaques aveugles contre les civils», «tous les actes de terrorisme», et réclame la libération des otages.
«Mettre la pression»
Depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le Conseil est sous le feu des critiques, n’ayant réussi qu’à adopter mi-novembre un texte appelant à des «pauses humanitaires». Cinq autres projets de résolution ont été rejetés, dont deux en raison de veto américains.
Selon des sources diplomatiques, des négociations se poursuivaient dimanche pour éviter une nouvelle impasse, alors que le président Joe Biden a estimé il y quelques jours qu’Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements «aveugles» sur la bande de Gaza.
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«Les États-Unis devraient appuyer ces paroles en agissant au Conseil de sécurité pour mettre la pression sur Israël et les groupes armés palestiniens pour qu’ils respectent le droit international humanitaire et protègent les civils», a commenté Louis Charbonneau de Human Rights Watch, appelant les Américains à «ne pas utiliser le veto pour bloquer des résolutions visant à mettre un terme à des atrocités de masse».
Les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, mais régulièrement ignorées par les pays concernés.
Après l’attaque du 7 octobre qui a fait, selon les autorités israéliennes, environ 1.140 morts, en majorité des civils, Israël a juré d’«anéantir» le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l’assiégeant et menant une vaste opération terrestre depuis le 27 octobre.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi de 18.800 morts dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents.
«Face à de telles atrocités, il n’y a qu’une seule position morale, une seule position défendable: un cessez-le-feu maintenant», a plaidé vendredi l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour à la tribune de l’Assemblée générale.
«Appeler à un cessez-le-feu maintenant, alors que (les otages) sont toujours détenus, est la chose la plus immorale», lui a répondu son homologue israélien Gilad Erdan.