Le tribunal de Nazareth (nord d'Israël) a décidé de maintenir en détention jusqu'à dimanche Meïr Ettinger, devenu ces dernières années selon les médias "le premier objet d'attention" pour le département chargé au service de sécurité intérieure (Shin Beth) de surveiller les extrémistes juifs .
Meïr Ettinger, âgé de 23 ou 24 ans selon les sources, a-t-il quelque chose à voir avec l'incendie qui a soulevé une très vive indignation dans les Territoires, en Israël et à l'étranger ? Détendu sous la kippa et dans une combinaison marron, les mains libres entre deux gardes dans le box, il s'est contenté de répondre par des sourires aux questions des journalistes admis quelques minutes dans le prétoire avant l'audience à huis clos.
"Tout ça, c'est de la poudre aux yeux, il n'y a rien dans le dossier", a déclamé son avocat Yuval Zemer devant les journalistes après les débats. Invoquant le black-out ordonné par les autorités sur l'information, il n'a rien dit lui non plus sur les raisons exactes de l'arrestation de son client lundi.
"Activités criminelles (présumées) passées"Meïr Ettinger a été arrêté pour des "activités criminelles (présumées) passées", a-t-il dit sans plus de précision.
Meïr Ettinger a été arrêté lundi à Safed (nord) en raison de ses activités au sein d'une organisation juive extrémiste, selon un porte-parole du Shin Beth. Ni la police, ni le Shinh Beth n'ont dit s'il était soupçonné d'implication directe dans l'incendie qui a tué un bébé palestinien vendredi ou mis en cause pour d'autres faits.
La presse le liait tantôt à un autre incendie qui a fait grand bruit sans causer de victime, celui du 18 juin contre l'église de la Multiplication des pains, un des hauts lieux du christianisme, tantôt à un projet d'attentats antipalestiniens en 2014. L'objectif de ces attentats aurait été de soulever les Palestiniens contre l'occupation israélienne et, à terme, de provoquer la chute du gouvernement israélien, rapportait le quotidien Haaretz, citant des sources de renseignement.
“Secouer l'arbre”
L'arrestation de Meïr Ettinger, petit-fils du rabbin Meïr Kahane, fondateur du mouvement raciste anti-arabe Kach assassiné en 1990 à New-York, est la première à laquelle ont procédé les services chargés d'enquêter sur l'incendie ayant coûté la vie à Ali Dawabcheh, un nourrisson de 18 mois brûlé vif vendredi dans la maison familiale de Douma, près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée par l'armée israélienne.
Les inscriptions retrouvées sur place et les témoignages désignent l'acte d'extrémistes juifs.
Depuis des années, des extrémistes juifs agressent, sous le label du "prix à payer", des Palestiniens et des Arabes israéliens et même des soldats israéliens, et vandalisent des lieux de culte musulmans ou chrétiens.La mort d'un bébé de 18 mois a cependant remis en lumière les agissements d'un extrémisme juif violent, aux motivations et aux formes différentes. Elle a suscité des accusations de complaisance de la part des autorités israéliennes qui seraient plus promptes à réprimer les violences palestiniennes que juives israéliennes.
Détention administrativeLe Premier ministre Benjamin Netanyahu a immédiatement qualifié l'incendie d'acte "terroriste", terme bien plus souvent employé pour les agissements palestiniens, et a dit avoir ordonné de mettre en oeuvre tous les moyens pour retrouver les auteurs.
Son ministre de la Défense Moshé Yaalon a autorisé la mise en détention administrative, c'est-à-dire sans charge et pour une durée illimitée, d'extrémistes juifs, une mesure habituellement appliquée aux Palestiniens.
L'arrestation de Meïr Ettinger montre que les autorités "ont décidé de ne plus prendre des pincettes" avec les extrémistes juifs, écrivait Israel Hayom, proche du Premier ministre. Cette arrestation ainsi que celle probable de proches relèvent d'une entreprise consistant "à secouer l'arbre, avec l'espoir de faire tomber des fruits", des informations qui permettraient de remonter jusqu'aux auteurs de l'incendie de Douma et de déjouer d'autres attentats, écrit le journal.