Neuf hommes ont été arrêtés ce vendredi 24 avril à Cagliari en Sardaigne et neuf autres sont toujours recherchés. Les dix-huit individus sont accusés d'appartenance à "une organisation dédiée aux activités criminelles transnationales s'inspirant d'Al-Qaïda et à d'autres organisations radicales prônant la lutte armée contre l'Occident et l’insurrection contre l'actuel gouvernement du Pakistan", selon le mandat d'arrêt lancé contre eux. Deux anciens gardes du corps de l'ex-chef et fondateur d'Al-Qaïda tué en 2011 au Pakistan, Oussama Ben Laden, figurent parmi eux, selon les enquêteurs cités par une dépêche de l’AFP.
Les deux ressortissants pakistanais sont arrivés à Rome en 2010, à l’époque où Benoît XVI était pape. Ils étaient soupçonnés par les enquêteurs de préparer des attentats-suicides. Des écoutes téléphoniques avaient révélé ces deux phrases de leurs conversations: "Tenez-vous prêts, les bombes vont exploser!" ou encore "le jihad part d'Italie". Le projet aurait avorté quand les islamistes se sont aperçus qu'ils étaient surveillés, selon les enquêteurs.
Le procureur chargé de l’affaire, Mauro Mura, a précisé devant la presse que ce chef d'accusation n'avait pas été retenu à l'encontre des islamistes identifiés, faute de preuves. Certains sont accusés d'avoir planifié, financé et même participé à des actes terroristes au Pakistan, dont l'attentat sur le marché Meena Bazar de Peshawar en octobre 2009 qui avait fait plus de cent morts. Ils sont aussi soupçonnés d'être impliqués dans un trafic d'immigrants clandestins, et auraient fait passer illégalement, dans certains cas, des Afghans et des Pakistanais d'Italie vers des pays d'Europe du Nord. Ce trafic servait à financer leurs activités terroristes au Pakistan, selon le procureur Mauro Muro, cité par l’AFP.
L'enquête a démarré dès 2005 sur le port d'Olbia, après la découverte d'explosifs dans les bagages d'un Pakistanais. Les accusés auraient effectué de nombreux voyages destinés à transporter de l'argent au Pakistan, avec en moyenne quelque 20.000 euros par voyage.
Cette organisation terroriste aurait eu en Italie comme chef principal un imam du mouvement "tabligh eddawa", installé en Lombardie, dans le nord du pays. Il se serait servi de son autorité religieuse et de son prestige pour récolter des fonds. Ce réseau, selon les enquêteurs, disposait "d'armes en abondance" et "de nombreux affiliés prêts à mener des actes terroristes au Pakistan et en Afghanistan, avant de se replier ensuite en Italie". C'est grâce à des entrepreneurs complices qui leur fournissaient des contrats de travail, ou en présentant des demandes d'asile grâce à de faux certificats assurant qu'ils avaient été persécutés, que les membres du réseau avaient pu s'implanter en Italie