Alors que les coulisses bruissent de négociations, l'ex-Premier ministre Silvio Berlusconi a été le plus agressif dans sa campagne, allant jusqu'à se vanter de ses sulfureuses soirées «bunga bunga».
Le milliardaire de 85 ans rêve depuis longtemps d'un septennat sous les ors du palais du Quirinal, même si les observateurs doutent qu'il dispose des votes nécessaires.
Il est notoirement difficile de prédire le vainqueur de cette élection à bulletins secrets, un mode de scrutin propice aux rebondissements.
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Le président, au rôle essentiellement honorifique, exerce toutefois un pouvoir considérable en cas de crise politique, qu'il s'agisse de dissoudre le Parlement, de choisir le Premier ministre ou de refuser des mandats à des coalitions fragiles.
Et l'Italie a plus que jamais besoin de stabilité: les partis appartenant à la coalition disparate soutenant Draghi sont déjà en ordre de bataille en vue des législatives de l'an prochain. Et le chaos pourrait mettre en danger la mise en musique du volant italien du plan de relance européen post-Covid.
«C'est une élection clé et très compliquée, parce que les partis politiques sont faibles, ils sont dans un état de fragmentation totale», explique à l'AFP Giovanni Orsina, directeur de la Luiss School of Government à Rome.
SéismeSelon le quotidien de référence Il Corriere della Sera, le vote pourrait «frapper le gouvernement comme un séisme», alors que l'Italie lutte contre une nouvelle vague de Covid-19 qui risque de perturber la reprise après la récession de 2020.
Ex-président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, 74 ans, a laissé entendre qu'il était intéressé, mais son élection laisserait vacant son poste actuel à un moment très délicat.
Nommé par le président sortant Sergio Mattarella en février 2021, Mario Draghi a réussi à maintenir l'unité d'un gouvernement composé de presque tous les partis politiques italiens, tout en relançant la croissance économique.
Il a également supervisé les réformes clés exigées en échange des fonds du plan de relance de l'UE, dont Rome est le principal bénéficiaire avec environ 200 milliards d'euros.
Les investisseurs internationaux craignent que l'Italie, criblée de dettes, prenne du retard sur le calendrier serré des réformes au cas où Mario Draghi quitterait son poste de Premier ministre.
Un millier de sénateurs, députés et représentants régionaux commenceront à voter lundi prochain.
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Pour être élu, il faut deux tiers des voix aux trois premiers tours, puis la majorité absolue aux tours suivants.
En raison des mesures de sécurité liées au Covid, chaque tour prendra une journée et, comme le veut la tradition, il n'y a théoriquement pas de candidats officiels.
Année pré-électoraleLa plupart des experts estiment que Mario Draghi serait mieux placé en tant que président pour assurer la stabilité politique et les bonnes relations avec Bruxelles, en particulier si la droite et l'extrême droite remportaient les élections prévues en 2023.
Il est également loin d'être acquis qu'il serait en mesure de continuer à poursuivre les réformes s'il restait en place. Et il risque de perdre son poste de toute façon lors des prochaines législatives.
«C'est une année pré-électorale. Même si Draghi restait Premier ministre, la vérité, c'est qu'il aurait du mal à contrôler la situation politique», les partis politiques se livrant à une surenchère en vue des législatives, selon Giovanni Orsina.
Une éventuelle solution consisterait à nommer comme Premier ministre le doyen du gouvernement actuel, Renato Brunetta, 71 ans, membre du parti de Berlusconi Forza Italia (droite), les chefs des principaux partis de la coalition occupant alors les postes ministériels les plus importants jusqu'aux élections.
Si Mario Draghi reste Premier ministre, de nombreux autres noms circulent pour le poste de chef de l'Etat, notamment ceux du commissaire européen Paolo Gentiloni, de l'ancien Premier ministre socialiste Giuliano Amato ou de la ministre de la Justice Marta Cartabia, qui serait la première femme présidente.