Malika Chalhy, 22 ans, originaire de Castelfiorentino, dans la province de Florence, est au cœur d'une douloureuse affaire qui défraie la chronique en Italie. La jeune femme d’origine marocaine -son père est marocain et sa mère italienne-, a été brutalement expulsée de chez elle par ses parents, début janvier, après leur avoir révélé son homosexualité.
Malika est tombée amoureuse d'une fille, et fait son coming-out dans une lettre adressée à ses parents, suscitant une violente réaction de ces derniers: indignés par cette révélation, ils ont chassé leur fille du domicile familial. Ses parents ont même refusé de lui remettre ses vêtements, la laissant complètement seule, sans même un tee-shirt de rechange.
Sans toit sous lequel dormir, et dans une tentative désespérée d'obtenir quelque chose à porter, Malika s'est présentée à la maison familiale, escortée par la police. Mais une fois qu'elle a frappé à la porte de la maison, sa mère a regardé par la fenêtre et s'est exclamée devant le carabinier: «Je ne connais pas cette personne».
Lire aussi : Italie: 30 ans de prison pour l'assassin d'un ressortissant marocain
Dans une lettre, la jeune fille raconte comment elle a été expulsée de sa maison, après avoir reçu des mots très durs et un torrent d’insultes, de la part de sa mère: «Si je te vois, je te tue. Tu es le fléau de notre famille. Je te souhaite une tumeur, tu es la honte de la famille. Je préfèrerais une fille droguée que lesbienne». Des propos enregistrés sur téléphone, et qui font désormais l’objet d’une enquête.
Invitée cette semaine du Costanzo Show, un talk show télévisé très populaire en Italie, Malika Chalhy, qui vit désormais à Florence, a 30 km du domicile familiale, a lancé un message à ses parents: «À mes géniteurs, je dis: obtenez de l'aide, demandez de l'aide». Malika, qui se décrit comme une fille sensible et très attachée à sa famille, a déclaré qu'elle avait toujours eu une excellente relation avec ses parents, du moins jusqu'au jour de son coming-out.
L’affaire, qui a vite fait le tour des réseaux sociaux et des médias, a ému une large frange de la population italienne. Associations de défense des droits de l'homme, personnalités issues du monde du divertissement, du sport,... ont exprimé leur solidarité avec la jeune toscane. Une cagnotte de solidarité a été lancée sur Internet pour venir en aide à la victime permettant de récolter près de 120.000 euros, selon la presse italienne.
Lire aussi : Vidéo. Le collectif Aswat se mobilise pour sensibiliser les LGBT à leurs droits
L'histoire de la jeune femme a suscité un tollé médiatique fort à la lumière du récent épisode de violence contre deux garçons homosexuels dans le métro de Rome parce qu'ils s'embrassaient. L’affaire intervient également au moment où se tient dans le pays un débat autour de l'approbation du projet de loi Zan (du nom du député du Parti démocrate qui la porte, Alessandro Zan), visant à lutter contre les discriminations et les violences liées à l’orientation sexuelle, au genre et à l’identité de genre. Le texte de loi propose de combler un vide législatif relatif à la protection des personnes LGBT.
En effet, la loi actuelle en Italie, dite loi Mancino qui date de 1993, ne prévoit pas de peines pour ceux qui commettent ou incitent à commettre des violences motifs fondés sur l’orientation sexuelle d’une personne. Seules les violences pour des motifs raciaux, ethniques, religieux ou liés à la nationalité sont punissables par la loi. La Loi Zan est actuellement bloquée au Parlement, et suscite de nombreux débats passionnés entre les pour et les contre.