Dans un éditorial intitulé «Quand l'Algérie s'éveillera...», la publication relève que la classe politique algérienne est sclérosée, faisant observer que «pas une nouvelle tête n'a émergé. Ce sont les mêmes leaders et personnalités dont on parle depuis toujours, toutes tendances confondues».
L'éditorialiste appelle, à cet égard, à instaurer un véritable débat démocratique et renouveler les cadres qui ont fait leur temps, ajoutant que la nation ne peut plus s'offrir le luxe de se dispenser des idées neuves d'hommes et de femmes moins enclins à rechercher et à conserver des privilèges.
La publication évoque en outre un autre défi colossal de l'Algérie à savoir la réforme de l'administration, soutenant que cette hydre bureaucratique fait crouler toute une population sous des tombereaux de paperasse et transforme la vie quotidienne du citoyen lambda ou de l'entrepreneur en infernal parcours du combattant.
Il s'agit d'un héritage anachronique, paralysant, voire suicidaire pour un pays qui a vocation, par son jeune âge, ses potentialités et ses richesses, surtout dans l'environnement mondialisé qui est le nôtre, à innover, à libérer ses énergies et à rayonner par-delà ses frontières, souligne l'auteur de l'article.
Pour ce qui est de la sphère économique, Jeune Afrique affirme qu'il faut en finir une fois pour toutes avec cette défiance maladive à l'égard du secteur privé, considéré depuis trop longtemps comme l'ennemi à abattre.
«Pourquoi renoncer à la créativité dont font preuve chaque jour les Algériens? À cette aptitude, érigée en art, à toujours se débrouiller pour contourner les obstacles? Pourquoi ne pas légaliser un secteur informel parmi les plus dynamiques du monde?», se demande l'éditorialiste, expliquant que ce n'est que par le secteur privé qu'on pourra enfin diversifier une économie «monomaniaque», créer des emplois et relancer une industrie dans le coma depuis des lustres.
Abordant le volet social, la publication indique qu'au lieu de se pencher sur les raisons des difficultés sociales, les autorités tentent de soigner les symptômes du mal sans jamais s'attaquer à ses racines, estimant qu'il s'agit là d'une aberration.
La société algérienne étouffe, asphyxiée par le conservatisme, les tabous, l'absence de loisirs et d'accès à la culture, la corruption endémique et le culte de l'argent facile, fait observer Jeune Afrique, ajoutant qu'elle s'enferme dans le déni: son Code de la famille, et la place qu'il réserve aux femmes en particulier, est un autre anachronisme difficilement acceptable.
Ces multiples fers aux pieds, dont la liste n'est hélas pas exhaustive, sont tellement ancrés dans les mentalités qu'ils semblent presque impossibles à briser, déplore l'éditorialiste, insistant sur la nécessité de révolutionner les mentalités.