Karabakh: sous médiation américaine, un accord serait proche entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, au centre, entouré par le ministre des Affaires étrangères arménien Ararat Mirzoyan (à gauche) et son homologue azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov (à droite).

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont rapprochés hier jeudi d’un accord de paix à propos de l’enclave disputée du Nagorny Karabakh, objet de deux guerres, sans pour autant y être parvenus malgré quatre jours d’intenses discussions sous les auspices des Etats-Unis.

Le 05/05/2023 à 09h43

«Les deux parties ont abordé des sujets très difficiles ces derniers jours et elles ont accompli des progrès tangibles vers un accord de paix durable», a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en clôture des discussions entre les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.

«J’espère qu’elles ressentent, et je crois que oui, qu’un accord est en vue, à portée de main», a- t-il ajouté en soulignant que le rythme des négociations et les fondations posées» laissent envisager de conclure un accord de paix ultérieurement. «Le dernier kilomètre d’un marathon est toujours le plus difficile. On le sait tous», a-t-il encore dit en promettant le soutien continu des Etats-Unis pour «franchir la ligne d’arrivée».

Aucun détail n’a filtré sur les points d’achoppement ni sur le déroulé au quotidien des discussions tenues à l’écart de la presse dans un centre de conférences à Arlington, en Virginie. Dans des communiqués distincts mais identiques, les ministères azerbaïdjanais et arménien des Affaires étrangères ont évoqué des «avancées» tout en indiquant que «les positions sur des questions clés restent divergentes». «Les parties acceptent de poursuivre les discussions», ont-ils ajouté.

Dans son propre communiqué, M. Blinken a dit que les deux parties avaient «accepté en principe certains termes» et disposaient d’une «meilleure compréhension des positions de l’autre». Il a souligné avoir proposé aux «ministres de retourner dans leurs capitales pour y partager avec leurs gouvernements la perspective qu’avec un peu plus de bonne volonté, de flexibilité et de compromis, un accord est à portée de main».

Deux guerres depuis 1990

Les deux pays du Caucase se sont affrontés lors de deux guerres au début des années 1990 et en 2020 pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une région montagneuse majoritairement peuplée d’Arméniens qui a fait sécession de l’Azerbaïdjan il y a plus de trois décennies.

Les tensions, déjà vives, ont redoublé lorsque Bakou a annoncé le 23 avril avoir installé un premier point de contrôle routier à l’entrée du corridor de Latchine, seul axe reliant l’Arménie à l’enclave séparatiste, déjà soumise à un blocus de plusieurs mois qui a provoqué des pénuries et coupures de courant.

M. Blinken, qui a parrainé les discussions entamées lundi, s’exprimait lors d’une «session de clôture» des négociations en présence des chefs de la diplomatie des deux pays, l’Arménien Ararat Mirzoyan et l’Azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov.

Le conseiller du président Joe Biden à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait déjà évoqué des «progrès» mercredi soir dans un tweet et dit «encourager la poursuite du dialogue» à l’issue d’une rencontre à la Maison Blanche avec les deux ministres. Les négociations portent spécifiquement sur «un accord de normalisation des relations» entre les deux pays, plutôt qu’un traité de paix formel.

Les «réserves» de la Russie

M. Blinken, qui se montre particulièrement actif sur ce dossier, s’était entretenu du soutien des Etats-Unis au processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan lors de conversations distinctes avec leurs dirigeants au cours du week-end dernier. Il a déjà participé avec ses homologues à deux réunions trilatérales en novembre dernier, puis en février dernier en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, sans que ces discussions n’aient permis de déboucher sur un accord.

La Russie a pour sa part accueilli avec réserve les discussions à Washington assurant mardi qu’il n’y avait «pas d’alternative» à sa propre médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. A l’issue d’une courte guerre qui a vu à l’automne 2020 l’Azerbaïdjan reprendre des territoires de cette région, Bakou et Erevan ont signé un cessez-le-feu promu par Moscou. Depuis, des soldats russes de maintien de la paix sont stationnés au Nagorny Karabakh, mais l’Arménie se plaint depuis plusieurs mois de leur inefficacité.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/05/2023 à 09h43