La capitale ukrainienne a de nouveau été la cible d’une attaque d’envergure. Aux premières heures de la matinée de vendredi, une pluie de missiles et de drones russes s’est abattue sur Kiev, touchant des quartiers répartis dans l’ensemble de la ville et provoquant une dizaine de blessés. L’onde de choc a été ressentie jusque dans le centre, où des journalistes de l’AFP ont décrit des explosions particulièrement violentes. Cet épisode s’inscrit dans l’escalade constante de la pression militaire russe, à l’approche de l’hiver, période durant laquelle Moscou intensifie traditionnellement ses frappes contre les infrastructures vitales de l’Ukraine.
Selon les autorités locales, les attaques ont visé sans distinction des zones résidentielles déjà éprouvées par des mois de bombardements répétés. En quelques minutes, la ville s’est retrouvée plongée dans un chaos familier: sirènes d’alarme, explosions successives, bâtiments éventrés et rues envahies par les secours.
La riposte ukrainienne
De son côté, la Russie a intercepté plus de 200 drones ukrainiens dans la nuit de jeudi à vendredi, a annoncé le ministère russe de la Défense, alors que la capitale ukrainienne subissait une vaste attaque russe au même moment.
«Au cours de la nuit dernière, les systèmes de défense aérienne ont intercepté et détruit 216 drones ukrainiens», dont 66 dans la région méridionale de Krasnodar et 59 au dessus de la mer Noire, a indiqué le ministère sur Telegram.
Des quartiers entiers endommagés à Kiev
En Ukraine, les premières informations officielles ont été communiquées par le chef de l’administration militaire de la ville, Timour Tkatchenko, qui a décrit une situation grave et très étendue. «Les Russes frappent des immeubles résidentiels. Il y a de nombreux immeubles élevés endommagés à travers Kiev, presque dans chaque district», a-t-il déclaré. Cette attaque n’a pas seulement ciblé des installations militaires ou des zones sensibles: elle a frappé au cœur des quartiers habités, amplifiant le sentiment d’insécurité déjà omniprésent.
Le responsable a fait état «d’au moins 12 blessés», dont une femme enceinte, un bilan qui pourrait évoluer dans les heures suivant l’évaluation des décombres. Sur le terrain, les équipes de secours se sont immédiatement déployées pour éteindre les incendies, évacuer les résidents et sécuriser les structures fragilisées.
Des journalistes de l’AFP présents dans le centre ont rapporté avoir entendu «de fortes explosions» et observé l’activation massive des systèmes de défense aérienne contre des «frappes de drones et des missiles». Cela confirme l’ampleur de l’assaut et l’intensité du barrage russe.
Des infrastructures essentielles touchées
Face à l’attaque, le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a exhorté les habitants à se mettre à l’abri. «Les forces de défense aérienne opèrent à Kiev», a-t-il indiqué, décrivant «une attaque massive de l’ennemi sur la capitale». À la suite des frappes, «des incendies se sont déclenchés dans plusieurs quartiers» et les services d’urgence ont été mobilisés pour y faire face.
Les dégâts touchent aussi les infrastructures de base, déjà mises à rude épreuve par les précédentes frappes russes. «Des sections des réseaux de chauffage ont été endommagées. Dans le district de Desniansky, en raison d’une situation d’urgence sur la conduite principale de chauffage, certains bâtiments sont temporairement privés de chauffage», a précisé le maire. Avec l’arrivée du froid, de telles pannes constituent un risque majeur pour des milliers d’habitants.
En périphérie de la capitale, la situation n’a guère été plus calme. Oleksandr Markoushyn, maire d’Irpin, a décrit une «nuit difficile» marquée par le survol de «multiples (drones) shaheds et missiles» au-dessus de la commune. Ces attaques simultanées visent à saturer les défenses antiaériennes, en augmentant la probabilité que certains projectiles atteignent leur cible.
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Une stratégie russe plus offensive en vue de l’hiver
Depuis le début de l’invasion en 2022, la Russie alterne les phases d’assaut terrestre et les campagnes de bombardements à longue portée. Les attaques nocturnes et massives se sont intensifiées ces dernières semaines, notamment dans la région de Donetsk, où «les forces [russes] sont mieux équipées et plus nombreuses» et poursuivent leurs avancées. Elles s’accompagnent d’une stratégie visant à affaiblir les capacités énergétiques ukrainiennes.
Ainsi, «Moscou multiplie depuis des semaines les bombardements sur les infrastructures civiles et énergétiques et le réseau ferroviaire ukrainiens, sur fond de baisse des températures à l’approche de l’hiver». L’objectif est clair: perturber la logistique ukrainienne, créer des pénuries, et placer la population sous une pression constante, tout en compliquant la mobilité des troupes.
Représailles côté russe: frappes ukrainiennes sur Novorossiisk
Alors que Kiev subissait cette nouvelle salve de missiles, Moscou rapportait «une attaque ukrainienne contre le port pétrolier de Novorossiisk sur la mer Noire». La riposte ukrainienne a provoqué des dégâts notables: «Une raffinerie de pétrole a été touchée par un incendie qui a été ensuite éteint» et «plusieurs immeubles résidentiels ont été endommagés par des fragments de drones, causant un blessé». Les autorités signalent également que «des débris de drones ont endommagé l’un des navires civils dans le port», blessant trois membres d’équipage.
Ces attaques ukrainiennes, de plus en plus fréquentes, ciblent les «secteurs pétrolier et gazier» russes, ainsi que les «conduites destinées au transport des hydrocarbures», provoquant régulièrement «une hausse des prix du carburant».
Un conflit qui redouble d’intensité
Cette double série d’attaques — russe sur Kiev, ukrainienne sur Novorossiisk — illustre une dynamique inquiétante: à mesure que l’hiver approche, les deux camps intensifient leurs frappes stratégiques dans l’espoir d’affaiblir durablement l’adversaire. Et malgré la résilience éprouvée des Ukrainiens, l’ampleur des dégâts causés vendredi rappelle une réalité brutale: la bataille pour l’infrastructure, l’énergie et la survie quotidienne est devenue un front à part entière dans cette guerre qui entre dans sa troisième année.










