«Le cabinet koweïtien nomme le prince héritier, son altesse cheikh Mechaal, émir de l’État du Koweït», a annoncé la télévision d’État. Il devient le 17ème souverain du pays.
Le palais royal avait annoncé plus tôt le décès, à l’âge de 86 ans, de son demi-frère, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Sabah, après trois années au pouvoir marquées par des crises politiques à répétition.
«Le processus de succession sans heurt (...) témoigne de la maturité du système politique koweïtien», a estimé sur les réseaux sociaux Abdullah Al-Chayji, professeur de sciences politiques à l’université du Koweït.
Le nouvel émir, nommé prince héritier en 2020, a passé l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la sécurité et du renseignement. Il a notamment occupé le poste de ministre de l’Intérieur.
Il est en grande partie resté à l’écart de la scène politique et des dissensions au sein même de la famille régnante des Al-Sabah, dont certains membres s’accusent mutuellement de corruption ou de conspiration.
Ce père de 12 enfants prêtera prochainement serment devant le Parlement.
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Vrai ami
À la suite du décès de l’émir, les administrations seront fermées pour trois jours et 40 jours de deuil ont été déclarés.
Le nouvel émir aura un an pour nommer un nouveau prince héritier, qui devrait être issu de la nouvelle génération de la famille régnante.
Selon la Constitution, le souverain doit être un descendant du fondateur de la nation, Moubarak Al-Sabah. Mais une tradition d’alternance entre les branches familiales des Salem et des Jaber a longtemps été observée.
Un ancien émir, cheikh Sabah, de la branche des Jaber, a mis fin à cette tradition en nommant comme prince héritier cheikh Nawaf, un autre Jaber, écartant de fait la branche des Salem.
Plusieurs chefs d’État ont adressé leurs condoléances au Koweït, saluant la mémoire de l’émir.
«Cheikh Nawaf était un partenaire de valeur et un vrai ami des États-Unis pendant des décennies», a indiqué le président américain Joe Biden, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Le président français Emmanuel Macron a estimé qu’avec sa disparition, la nation koweïtienne perdait «un grand dirigeant, respecté pour les valeurs de paix et de modération qu’il incarnait».
Le patron de la diplomatie européenne Josep Borrell l’a lui décrit comme quelqu’un qui a «travaillé pour la stabilité régionale».
Le Koweït est plongé depuis plusieurs années dans une profonde crise entre les pouvoirs exécutif et législatif.
Début avril, la petite monarchie avait formé son septième gouvernement en trois ans. Quelques jours plus tard, cheikh Nawaf avait dissous le Parlement et convoqué de nouvelles législatives.
Réformes au ralenti
Doté de réserves en pétrole parmi les plus importantes au monde, le Koweït est un État extrêmement riche où l’instabilité a ralenti les réformes et le développement des infrastructures, comme celles à l’œuvre chez ses voisins, au premier rang desquels le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Les 4,5 millions d’habitants, dont 1,3 million de Koweïtiens, se plaignent régulièrement de la détérioration des infrastructures et des services publics.
Cheikh Nawaf est décédé après avoir été admis en novembre à l’hôpital «en raison d’un problème de santé urgent», selon l’agence de presse officielle Kuna, qui n’a pas donné de détails sur sa maladie.
Il a ensuite été déclaré dans un état stable. Compte tenu de son âge, sa santé a souvent été une préoccupation pendant son mandat.
Cheikh Nawaf avait été nommé prince héritier en 2006 par son demi-frère, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, et avait pris la relève en tant qu’émir à la mort de ce dernier en septembre 2020.
Le nouvel émir s’était pour sa part rendu à l’étranger en 2006 et avait subi une «opération réussie», dont les détails n’avaient pas été divulgués.