L'état-major sud-coréen a «détecté un missile balistique de longue portée présumé lancé vers 10H15 (01H15 GMT) depuis la zone de Sunan à Pyongyang en direction de la mer de l'Est», a-t-il indiqué en se référant au nom coréen de la mer du Japon.
Tokyo a précisé que le missile avait parcouru environ 1.000 km et que les forces japonaises n'avaient pas tenté de le détruire en vol. Le ministre nippon de la Défense, Yasukazu Hamada, a indiqué que le projectile avait atteint une altitude maximale de 6.000 km, et en a déduit qu'il s'agit d'un «missile balistique de classe ICBM, même si d'autres détails sont en cours d'analyse».
«Le missile balistique lancé par la Corée du Nord semble être tombé dans notre zone économique exclusive au large de Hokkaido», la grande île du nord de l'archipel nippon, a déclaré pour sa part le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
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Ce n'est pas la première fois qu'un projectile nord-coréen finit sa course dans la zone économique exclusive (ZEE) japonaise, c'est-à-dire l'espace maritime qui s'étend jusqu'à 200 milles marins (370 km) au-delà des côtes d'un Etat, entre les eaux territoriales et les eaux internationales.
La Corée du Nord «répète les actes de provocation à une fréquence sans précédent. Nous réitérons avec force que c'est absolument inacceptable», a dénoncé Fumio Kishida.
«Violation éhontée»La Maison Blanche a quant à elle condamné «fortement» le tir, qui constitue selon elle «une violation éhontée de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et fait inutilement monter les tensions et risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région».
Le 3 novembre, la Corée du Nord avait déjà lancé un ICBM mais ce tir avait apparemment échoué, selon Séoul et Tokyo. Le pays avait rompu en mars dernier un moratoire qu'il s'était auto-imposé en 2017 sur les lancements de ce type de missiles à longue portée.
Plus tôt cette semaine, la ministre nord-coréenne des Affaires étrangères avait promis une riposte «féroce» au renforcement de l'alliance de sécurité entre Séoul, Tokyo et Washington.
Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont intensifié ces derniers mois leurs manœuvres militaires conjointes face aux menaces de la Corée du Nord, laquelle voit dans ces exercices des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à un renversement du régime de Kim Jong Un.
Au cours d'une rencontre mardi en marge du sommet du G20 à Bali, le président américain Joe Biden a demandé à son homologue chinois Xi Jinping d'intercéder auprès de la Corée du Nord pour qu'elle mette fin à l'escalade et renonce à effectuer un essai nucléaire, comme Washington et Séoul lui en prêtent l'intention.
Joe Biden, son homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol et Fumio Kishida ont par ailleurs, dimanche, promis une réponse «forte et ferme» si Pyongyang réalise cet essai, qui serait le premier depuis 2017 et le septième de son histoire.
La cheffe de la diplomatie nord-coréenne, Choe Son Hui, a répliqué que le renforcement de l'alliance militaire entre Séoul, Tokyo et Washington faisait «entrer la situation dans la péninsule coréenne dans une phase imprévisible».
Riposte «féroce»Plus cette alliance se renforce, et «plus la riposte militaire de la RPDC sera féroce», a déclaré Choe Son Hui, en employant le sigle de la République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord.
Pyongyang a procédé début novembre à une rafale sans précédent de lancements, dont celui d'un missile qui est tombé près des eaux territoriales de la Corée du Sud pour la première fois depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Le président Yoon a dénoncé une «invasion territoriale de facto».
La seule journée du 2 novembre a vu 23 tirs de missiles nord-coréens, soit plus que pendant toute l'année 2017, quand le dirigeant Kim Jong Un et le président américain de l'époque Donald Trump se menaçaient réciproquement d'apocalypse nucléaire.
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En septembre et octobre, Pyongyang avait déjà effectué une copieuse série de tirs, dont celui d'un missile balistique à moyenne portée qui avait survolé le Japon pour la première fois depuis cinq ans.
Pyongyang a justifié sa démonstration de force de novembre par l'attitude «agressive et provocatrice» de Séoul et Washington, qui menaient au même moment les plus grandes manœuvres aériennes jamais réalisées jusque-là entre eux, avec notamment des avions furtifs et des bombardiers stratégiques.
Les analystes estiment que la Corée du Nord, qui en vertu de résolutions de l'ONU n'a pas le droit de lancer des missiles balistiques, s'est enhardie face à la probabilité d'échapper à toute nouvelle sanction des Nations unies en raison des divisions au Conseil de sécurité où la Chine et la Russie bloquent toute tentative américaine en ce sens.