Poussée par le chef d’État brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui préside cette année le G20, l’idée d’une taxation des super-riches est sur la table du groupe rassemblant les principales économies mondiales, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine. La question sera débattue par les ministres des Finances du G20 lors d’une réunion dans l’après-midi de ce jeudi 25 juillet.
«Certains individus contrôlent plus de ressources que des pays entiers», a fustigé mercredi Lula à l’occasion du lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté. Priorité de la présidence brésilienne du G20, elle vise à rassembler des États et organisations internationales pour éradiquer la faim dans le monde. Selon le dirigeant de gauche, il faut taxer les milliardaires car «en haut de la pyramide, les systèmes fiscaux ne sont plus progressifs, mais régressifs».
Washington et Berlin réticents
Les inégalités n’ont cessé de se creuser ces dernières années, d’après une étude de l’ONG Oxfam, publiée ce jeudi: les 1% les plus riches du monde ont gagné en dix ans plus de 40.000 milliards de dollars en plus, mais leur imposition est «historiquement» basse.
L’économiste français Gabriel Zucman évalue ainsi le taux d’imposition des milliardaires à 0,3% de leur patrimoine. Dans un récent rapport commandé par le Brésil, il propose de créer un impôt de 2% sur la fortune des quelque 3.000 milliardaires dans le monde.
Tous les pays du G20 ne sont toutefois pas aussi allants. Les États-Unis ont affiché leur opposition à des négociations internationales sur ce thème, tandis que le ministère allemand des Finances a, en amont du G20, jugé «peu pertinente» l’idée d’un impôt minimal sur la fortune.
Transition climatique et dette
Outre la taxation internationale, cette dernière réunion des grands argentiers du G20 avant le sommet des chefs d’État et de gouvernement les 18 et 19 novembre, également à Rio, doit évoquer la situation économique mondiale, et vendredi le financement de la transition climatique et la dette.
Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie -également membre du groupe- depuis le début de la guerre en Ukraine, la rédaction d’un communiqué commun demeure un défi. Lors de leur dernière réunion en février à Sao Paulo, les grands argentiers du G20 n’y étaient pas parvenus.
La solution imaginée par le Brésil est d’aboutir d’ici vendredi soir à trois textes: un document spécifique sur la «coopération internationale en matière fiscale», incluant la question de la taxation des super-riches, accompagné d’un communiqué final plus large et enfin d’une «déclaration» publiée séparément par la présidence brésilienne qui elle seule évoquerait les crises géopolitiques.
Ce modèle a déjà commencé à être appliqué cette semaine. La présidence du Brésil a publié mercredi une «déclaration» rapportant que certains membres du G20 ont «fait part de leurs perspectives» sur les guerres en Ukraine et à Gaza durant les discussions sur l’Alliance globale contre la faim et la pauvreté. Certains pays jugent que le G20 est une enceinte pertinente pour évoquer ces questions, quand d’autres pensent le contraire.
«Il est probable, selon mon expérience des précédents G20», que les prochaines réunions à l’échelon ministériel imposent des textes distincts, a dit mercredi la commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, à des journalistes. Viser un texte unique «ne nous permettrait pas d’adopter quoi que ce soit», selon elle.
Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des grandes économies du monde. Sa vocation était dans un premier temps surtout économique mais il s’est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l’actualité mondiale.