Ces dernières semaines, la campagne militaire russe s'est réorientée sur la région orientale de Donbass, partiellement contrôlée par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.
«Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, à laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l'ensemble de l'armée russe est désormais consacrée à cette offensive», a déclaré hier soir, lundi 18 avril 2022, le président Volodymyr Zelensky dans un discours retransmis sur Telegram.
«Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons. Nous nous défendrons», a-t-il clamé.
Lire aussi : Guerre en Ukraine: les Russes veulent «détruire le Donbass» accuse Kiev, qui assure le défendre «jusqu'au bout»
Et selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté de «onze bataillons» en une semaine sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.
Pour Andriï Yermak, le chef de cabinet du président Zelensky, il est désormais clair que «la deuxième phase de la guerre a commencé». «Faites confiance aux forces armées de l’Ukraine» , a-t-il lancé sur Telegram.
«C'est l’enfer»«C'est l'enfer. L'offensive a commencé, celle dont on parle depuis des semaines», a de son côté annoncé sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.
«Il y a des combats à Roubijné et Popasna, des combats incessants dans d'autres villes pacifiques», a-t-il dit, reconnaissant que Kreminna était «malheureusement sous le contrôle des orques», le surnom péjoratif donné aux militaires russes.
Cette ville, qui comptait environ 18.000 habitants avant la guerre, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du bassin houiller du Donbass.
Au moins quatre civils ont été tués dans les bombardements russes pendant qu'ils tentaient de fuir Kreminna, a poursuivi Serguiï Gaïdaï.
Le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a toutefois assuré que «les occupants russes n'avaient pas encore conquis Kreminna» et que d’«intenses combats de rue» s'y déroulaient.
Serguiï Gaïdaï avait peu avant exhorté la population à évacuer la région de Lougansk.
La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk a de son côté demandé lundi à Moscou d'ouvrir des couloirs humanitaires à Berdyansk et Marioupol, en particulier au complexe métallurgique d'Azovstal, où se trouvent des combattants mais où sont retranchés également «beaucoup de civils» ukrainiens.
«Votre refus d'ouvrir ces couloirs humanitaires servira, à l'avenir, d'éléments pour des poursuites en justice contre tous ceux impliqués dans des crimes de guerre», a-t-elle dit sur Telegram.
Le Conseil municipal de Marioupol a affirmé ce mardi matin qu'Azovstal avait fait l'objet de bombardements et assuré sur Telegram qu’«au moins 1.000 civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, se trouvent dans les abris souterrains» du complexe métallurgique.
Lire aussi : Ukraine: Emmanuel Macron ne reprend pas le mot «génocide» utilisé par Joe Biden
La Russie est déterminée à s'emparer de Marioupol, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l'armée russe qui les enjoignait de déposer les armes.
«Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu'au bout», a lancé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
La conquête de cette cité portuaire constituerait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant le Donbass, en partie contrôlé par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
Combats sur tous les frontsL'armée ukrainienne a également mis en garde lundi soir contre une menace élevée de bombardements dans la région de Mykolayiv (sud).
«L'ennemi poursuit le transfert d'armes et d'équipements militaires vers l'Ukraine depuis des régions du centre et de l'est de la Fédération russe», a indiqué ce mardi l'état-major de l'armée ukrainienne.
Des divisions de missiles antiaériens Tor ont été transférés dans la région de Kharkiv (nord-est) et des systèmes antiaériens S-400 et S-300 ont été déployés dans la région russe de Belgorod près de la frontière avec l'Ukraine, selon la même source.
Dans les régions de Donetsk et Lougansk les forces ukrainiennes ont détruit dix tanks, 18 autres blindés, huit véhicules, un système d'artillerie et un mortier, selon l'état-major.
Dans le nord-est, trois civils ont été tués hier, lundi, dans de nouveaux bombardements contre Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.
Lire aussi : Guerre en Ukraine: le croiseur Moskva a coulé, Moscou accuse Kiev de cibler des villages frontaliers
Et dans l'ouest, des bombardements russes ont fait hier, lundi, sept morts et «onze blessées, dont un enfant», d'après les autorités locales.
Non loin de la ville de Lviv, la Russie assure avoir détruit un important dépôt d’«armements étrangers, livrés à l'Ukraine pendant les six derniers jours par les Etats-Unis et des pays européens, qui y étaient stockés».
Située loin du front, près de la frontière polonaise, cette ville s'est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu'alors par les frappes russes.
Au total, l'armée russe assure avoir mis hors d'état dans la seule journée de lundi 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kiev.
Soutien de l'Ukraine, les Etats-Unis ont annoncé à ce sujet hier, lundi, que les premières cargaisons de leur nouvelle tranche d'aide militaire (800 millions de dollars) venaient d'arriver la veille aux frontières de ce pays pour être remises à l'armée ukrainienne.
Accusée d'exactions par Kiev, distinguée par MoscouDans ce contexte, Vladimir Poutine a décerné hier, lundi, un titre honorifique, notamment pour son «héroïsme», sa «ténacité» et son «grand professionnalisme», à la 64e brigade de fusiliers motorisés.
Or, l'Ukraine a affirmé que cette unité avait commis un massacre de civils à Boutcha, dans la périphérie de Kiev, ce que Moscou nie.
Lire aussi : Ukraine: situation «inhumaine» à Marioupol, que les Russes affirment largement contrôler
Sur le front diplomatique, le président Zelensky a dit hier, lundi, espérer obtenir pour son pays «dans les semaines à venir» le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.
Le président américain Joe Biden participera de son côté ce mardi à une réunion virtuelle consacrée à l'offensive russe en Ukraine.
Le président américain évoquera, «avec les alliés et partenaires» des Etats-Unis dont la liste n'a pas été dévoilée, le «soutien continu à l'Ukraine et les efforts visant à s'assurer que la Russie rende des comptes», a précisé à l'AFP un responsable de la Maison Blanche.