Les hauts responsables militaires «expriment leurs sincères condoléances suite au décès du général Pervez Musharraf», indique un bref communiqué publié par le service de presse de l’armée. «Qu’Allah bénisse l’âme du défunt et donne de la force à la famille endeuillée».
Le général quatre étoiles est décédé dimanche matin à l’hôpital de Dubaï, ont indiqué les médias.
«Je peux confirmer que le défunt général a rendu son dernier souffle à Dubaï ce matin... Il n’est plus», a également dit à l’AFP un haut responsable de la sécurité, sous couvert d’anonymat.
Allié de Washington contre Al-Qaïda
Dernier dirigeant militaire du Pakistan, l’ex-président et général Pervez Musharraf, mort dimanche à l’âge de 79 ans, avait érigé son pays en allié-clé des Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme» à la suite des attentats du 11-Septembre.
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1999 et resté à la tête du Pakistan jusqu’en 2008, Pervez Musharraf s’est éteint des suites d’une longue maladie à Dubaï, où il était hospitalisé.
Epaules droites, moustache grisonnante et inamovibles lunettes, cet admirateur de Napoléon et de Richard Nixon avait renversé le Premier ministre Nawaz Sharif sans violence –après que ce dernier eut tenté de le démettre de ses fonctions de chef de l’armée–, endossant le titre de président de la République en 2001.
Après l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, dans la foulée des attentats du 11-Septembre 2001, il avait aligné son pays sur les positions de Washington.
Pervez Musharraf s’était alors présenté en rempart régional contre Al-Qaïda, dont les dirigeants, alliés des talibans, avaient trouvé refuge dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. Il a réchappé à au moins trois tentatives d’assassinat d’Al-Qaïda.
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Pendant ses neuf années au pouvoir, le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale.
Mais ses opposants n’ont eu cesse de dénoncer sa mainmise sur le pouvoir, le renvoi «illégal» de juges de la Cour suprême, l’imposition de l’état d’urgence et l’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d’Islamabad à l’été 2007.
Cet ancien commando d’élite, né à Delhi le 11 août 1943, quatre ans avant la partition du Pakistan, était chef d’état-major des armées quand il a renversé en octobre 1999 le gouvernement civil de Nawaz Sharif, sans effusion de sang.
Pervez Musharraf s’est autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé,.
Dans ce pays musulman, ce fumeur de cigares et buveur de whisky était initialement perçu comme un modéré, avant de prendre des mesures d’exception pour chercher à se maintenir au pouvoir.
Sa déclaration selon laquelle «la Constitution n’est qu’un morceau de papier à jeter à la poubelle» et son héritage n’ont cessé de diviser l’opinion, dans une nation qui a connu plusieurs coups d’Etat militaires depuis sa fondation en 1947.
Luxueux exil
Dans ses mémoires In the Line of Fire (Dans la ligne de mire), il a cité Napoléon Bonaparte et Richard Nixon comme modèles de dirigeants, deux hommes connus pour leur ténacité mais dont l’orgueil a causé la chute.
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Le général Musharraf n’avait guère rencontré d’opposition jusqu’à ce qu’il tente de démettre le président de la Cour suprême en mars 2007, déclenchant des manifestations dans tout le pays et des mois de troubles qui avaient débouché sur l’imposition de l’état d’urgence.
Après l’assassinat de la cheffe de l’opposition, Benazir Bhutto, en décembre 2007, il avait connu une déroute aux élections l’année suivante et s’était retrouvé isolé.
Au sommet de son impopularité, soumis à la pression de la justice et de la coalition victorieuse dans les urnes, prête à lancer une procédure de destitution à son encontre, il avait été contraint à la démission en août 2008.
Il avait ensuite débuté un luxueux exil volontaire entre Londres et Dubaï, financé en partie par de généreuses rétributions pour ses conférences à travers le monde.
En mars 2013, il avait mis fin à ses années d’exil afin de participer aux élections pakistanaises et «sauver» le pays du marasme économique et du péril taliban.
Mais ses ambitions de retour en politique avaient été accueillies avec dédain par les Pakistanais et vite brisées par de multiples poursuites judiciaires. Il n’avait finalement pas été autorisé à se présenter aux législatives, remportées par Nawaz Sharif, l’homme qu’il avait déposé 14 ans plus tôt.
Nostalgique, il avait encore plusieurs fois annoncé son retour, avant de se raviser par crainte d’être incarcéré à son arrivée.
En août 2017, la justice pakistanaise l’a déclaré «fugitif» dans le procès du meurtre de Benazir Bhutto, la première femme de l’ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Il est soupçonné d’avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections, ce qu’il a toujours nié.
En décembre 2019, un tribunal spécial avait condamné Pervez Musharraf à la peine de mort par contumace pour «haute trahison», pour avoir instauré l’état d’urgence en 2007. Mais sa condamnation avait été annulée peu après