Malgré les critiques d'Ankara qui rejette toujours le terme de génocide, les cérémonies du centenaire des massacres de 1915 sont placées sous le signe de la diplomatie, avec les récentes reconnaissances de l'Allemagne et du Vatican. De nombreux chefs d’Etat ont fait le déplacement et le président arménien Serge Sarkissian, a remercié les dirigeants presents qui ont déposé des fleurs au mémorial dédié au génocide arménien, sur les hauteurs d'Erevan. L'Arménie célèbre le 100e anniversaire du génocide de 1915 perpétré par les Turcs ottomans, au lendemain de la canonisation par l'Eglise arménienne de 1,5 million de morts dans ces massacres et malgré les critiques de la Turquie qui rejette le terme de génocide.
Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique entre 1915 et 1917, pendant les dernières années de l'Empire ottoman, et une vingtaine de pays, parmi lesquels la France et la Russie, ont reconnu qu'il s'agissait là d'un génocide. La Turquie récuse ce terme et évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
L'Allemagne, par la voix de son président Joachim Gauck, a reconnu jeudi soir pour la première fois le génocide arménien, soulignant sa "coresponsabilité" dans ce crime attribué à son allié ottoman pendant la Première guerre mondiale.
A deux jours de la date anniversaire, le Parlement autrichien, quant à lui, a observé mercredi une minute de silence pour marquer ce génocide, une première dans ce pays, allié à l'époque à l'Empire ottoman. Un geste qui a provoqué la fureur de la Turquie qui a rappelé pour consultation son ambassadeur à Vienne.
Dans un communiqué aux mots soigneusement choisis, le président américain Barack Obama a qualifié jeudi le massacre d'Arméniens pendant la Première Guerre mondiale de "terrible carnage", évitant d'employer le mot "génocide".
Ces derniers jours, le gouvernement turc avait déjà été très irrité par les déclarations du Pape François, qui a parlé pour la première fois du "génocide" des Arméniens, et par le Parlement européen qui a demandé à la Turquie de le reconnaître.
Ankara a rappelé son ambassadeur auprès du Vatican, et le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le Pape à ne pas répéter cette "erreur".