Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d'un "califat" sur de vastes régions conquises alors en Syrie et en Irak voisin, les jihadistes sont aujourd'hui acculés dans une poche de la province orientale de Deir Ezzor, allant du village de Baghouz à la frontière irakienne.
La "bataille finale" a été annoncée samedi par les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenus principalement par les Etats-Unis qui dirigent une coalition internationale anti-EI.
"Il y a de violents combats. Nous avons donné l'assaut et nos hommes avancent", a indiqué à l'AFP un commandant des FDS.
Un porte-parole de l'alliance, Mustefa Bali a fait état "d'affrontements directs à l'arme légère". "Les FDS ont progressé" sur deux axes, a-t-il indiqué sur Twitter, précisant que les jihadistes avaient perdu des dizaines de positions et que leurs "fortifications" avaient été détruites.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté des tirs d'artillerie et des raids aériens de la coalition contre des positions de l'EI, qui ne contrôle plus que 1% de son "califat" selon la coalition internationale.
Les jihadistes --entre 500 et 600, selon les FDS-- sont pris en tenaille près de la frontière irakienne, totalement bouclée. Côté irakien, des canons des artilleurs français sont près à tirer, la France faisant partie de la coalition anti-EI.
Les derniers irréductibles de l'EI sont "principalement" des étrangers, a affirmé M. Bali, ajoutant que plusieurs centaines de civils se trouveraient encore dans le réduit jihadiste.
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Le président américain Donald Trump a prédit mercredi la "libération" imminente de "100%" des territoires jadis contrôlés par l'EI, ajoutant qu'une "annonce formelle" en ce sens pourrait intervenir "dès la semaine prochaine".
En décembre, il avait annoncé le retrait prochain des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie.
"La fin est proche", a lancé samedi la ministre française des Armées Florence Parly, en déplacement auprès des troupes françaises en Irak stationnées à la frontière avec la Syrie.
Là, au pied de trois canons Caesar bariolés de vert et noir, d'une portée de 40 km, sont alignés 180 obus de 155 mm prêts à l'emploi, répartis entre explosifs, fumigènes et éclairants, a pu observer une journaliste de l'AFP.
Alors que l'EI est sur le point d'être totalement vaincu, le sort de son chef, le "calife" Abou Bakr al-Baghdadi, demeure inconnu.
Donné pour mort à plusieurs reprises, un message audio qui lui a été attribué a été diffusé en août dernier sur la messagerie Telegram via des comptes pro-EI.
"Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas d'informations sur une présence de Baghdadi en Syrie, et nous ne pensons pas qu'il s'y trouve", a déclaré M. Bali.
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Malgré les revers, le groupe ultraradical, responsable de multiples exactions, parvient toujours à mener des attentats meurtriers dont des attaques suicide. Il a également revendiqué des attentats à l'étranger, notamment en Occident.
Les FDS avaient lancé en septembre leur offensive contre la dernière poche jihadiste à Deir Ezzor, prenant l'immense majorité du réduit. Bilan des combats: plus de 1.200 jihadistes, plus de 670 combattants des FDS et plus de 400 civils éliminés, selon l'OSDH.
Quelque 37.000 personnes ont fui le secteur depuis décembre, principalement des familles de l'EI mais aussi environ 3.400 jihadistes ayant rendu les armes, d'après l'ONG.
Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 360.000 morts. L'assaut final contre l'EI représente aujourd'hui le principal front dans le pays.
Le régime de Bachar al-Assad contrôle désormais près des deux-tiers du pays, après avoir enchaîné les victoires face aux rebelles et jihadistes.
Outre son ultime réduit dans l'est syrien, l'EI n'a plus que des combattants dispersés dans le vaste désert s'étendant du centre du pays à Deir Ezzor. Des centaines d'étrangers liés à l'EI, dont femmes et enfants, se trouvent aux mains des FDS qui réclament leur rapatriement vers leurs pays d'origine.
Dimanche, Moscou a organisé le rapatriement de 27 enfants russes dont les mères sont détenues en Irak pour appartenance au groupe jihadiste.