"Quiconque prétendait que Trump était d'une loyauté aveugle a eu un avertissement aujourd'hui", a déclaré Mike Cernovich, l'un des leaders du mouvement "Alt-Right", un groupe nationaliste qui a accusé le président d'avoir abandonné ses positions électorales isolationnistes, dans une campagne sur les réseaux sociaux portée par le hashtag #Syriahoax ("canular syrien").
"Nous savons tous qu'Assad n'empoisonnerait pas son propre peuple", a poursuivi ce spécialiste des théories du complot dans une vidéo mise en ligne vendredi, avançant l'idée que "l'Etat profond" (le "deep state", c'est-à-dire un complot de bureaucrates déterminés à saper clandestinement l'action de M. Trump) "veut une guerre avec la Russie". "Ils utilisent l'attaque au gaz de la Syrie, qui est un canular, pour déclencher la Troisième Guerre mondiale".
Alors que certains partisans nient l'attaque chimique, d'autres rejettent l'opinion selon laquelle elle a été ordonnée par le président syrien Bachar al-Assad, blâmant une fausse attaque montée pour faire croire à une action de Damas.
"Pourquoi Assad ferait-il cela alors qu'il est en train de gagner ?", s'est ainsi interrogé Alex Jones, responsable du site d'extrême-droite "Infowars", souvent montré du doigt pour ses fausses informations.
Alex Jones soutient l'idée que l'attaque était une ruse pour forcer Donald Trump à s'aligner sur les conservateurs traditionnels. Il estime que si le président "cède à ce front anti-Syrie pour prouver qu'il n'est pas une marionnette russe, ils ne vont pas s'arrêter".
"Trump a fait campagne pour ne pas s'impliquer dans le Moyen-Orient, car cela aide toujours nos ennemis et crée plus de réfugiés (...) Puis il a vu une photo à la télévision", a encore noté la polémiste républicaine Anne Coulter. Celle-ci a rappelé que M. Trump était opposé en 2013 à une participation militaire américaine au Moyen-Orient.
La plupart des conservateurs traditionnels ont de leur côté approuvé l'attaque punitive de 59 missiles Tomahawk lancés contre une base aérienne militaire syrienne.
Et Breitbart, le site d'informations auparavant géré par Stephen Bannon, chef de la stratégie de la Maison Blanche, est resté sur une position neutre dans la couverture de cette frappe.
Sébastien Gorka, un conseiller du président, s'est défendu: "Il est essentiel pour ceux qui ont voté pour cette administration de comprendre que le président dans sa vision fondamentale n'a pas changé".