Les premiers bureaux ont ouvert à 06h00 heure locale (04h00 GMT). Quelque 6,4 millions d'électeurs ont jusqu'à 17h00 (15h00 GMT) au plus tard pour élire leurs députés dans ce scrutin anticipé suivi avec attention par une Europe exposée à la montée des partis populistes et anti-migrants.
En Autriche, l'extrême droite eurosceptique est ancrée sur la scène politique depuis plusieurs décennies et elle espérait même, il y a encore quelques mois, faire élire son chef, Heinz-Christian Strache, au poste de chancelier.
Mais la donne a changé lorsque Sebastian Kurz, actuel ministre des Affaires étrangères, a pris le contrôle, en mai, d'un parti chrétien-démocrate (ÖVP) à bout de souffle et a mis fin à dix années de grande coalition avec les sociaux-démocrates.
Ce jeune homme au visage adolescent et à la voix toujours posée est aussitôt devenu le favori des sondages, crédité d'une large avance avec 33% d'intentions de vote.
Avec une image de modernité, un discours très ferme sur l'immigration, des promesses d'allègements fiscaux, le "Wunderwuzzi" (enfant prodige) de la politique autrichienne a su ranimer la flamme de l'électorat conservateur et en rajeunir la base.
Il devance dans les intentions de vote de six à huit points le chef du FPÖ Heinz-Christian Strache, 48 ans, et le chancelier social-démocrate Christian Kern, 51 ans, de 17 et 20 ans ses aînés.
Crédité d'au moins 25% des suffrages, M. Strache pourrait réaliser le double du score de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), la formation de la droite identitaire allemande dont la récente entrée au Bundestag a créé un choc en Allemagne.
Le FPÖ pourrait ainsi renouer avec le score historique réalisé en 1999 par Jörg Haider, le prédécesseur et mentor de M. Strache. Le parti était alors entré au gouvernement du chancelier conservateur Wolfgang Schüssel, provoquant un tollé et des sanctions européennes, scénario aujourd'hui peu probable.
Si M. Kurz n'a exclu aucun scénario, une coalition avec le FPÖ est considérée comme l'hypothèse la plus probable.
Lors de la présidentielle l'an passé, les sociaux-démocrates et l'ÖVP, qui se partagent le pouvoir depuis la guerre, avaient été éliminés dès le premier tour, du jamais vu. Le candidat d'extrême droite Norbert Hofer s'était incliné de peu au second tour face à l'écologiste libéral Alexander Van der Bellen.
Nommé à la chancellerie en mai 2016 à la suite de cette bérézina, Christian Kern, issu du monde de l'entreprise (le rail autrichien), a vu ses efforts pour moderniser l'image des sociaux-démocrates faire long feu. D'autant que sa campagne a été entachée par un scandale de "fake news".
Il s'est efforcé ces dernières semaines de renouer avec les fondamentaux de son parti, notamment la protection sociale et la redistribution.
"Voulons-nous retenter l'expérience ÖVP-FPÖ, vivre dans une Autriche où seuls les riches deviennent plus riches, (...) ou voulons-nous vivre dans une Autriche où chacun à sa chance?", a mis en garde le chancelier samedi.
Comme le chef des sociaux-démocrates allemands Martin Schulz, M. Kern a indiqué que le SPÖ siégerait dans l'opposition en cas de défaite. Mais il pourrait lui-même être contesté au sein du parti, dont une aile ne serait pas hostile à une coalition avec M. Kurz, voire avec l'extrême droite.
L'Autriche, un pays prospère de 8,7 millions d'habitants, est l'un de ceux en Europe à avoir accueilli en deux ans le plus de migrants au regard de sa population (1,5%), alimentant les débats sur le coût des prestations et sur la capacité d'intégration des nouveaux venus.
Une alliance entre M. Kurz et M. Strache pourrait infléchir la ligne jusqu'à présent très europhile du pays, le FPÖ prônant notamment un rapprochement avec le groupe de Visegrad, comprenant des pays comme la Pologne et la Hongrie qui multiplient les bras de fer avec Bruxelles.
Les premières estimations de résultats sont attendues à la fermeture des bureaux de vote.