L'hebdomadaire Le Canard enchaîné a révélé mercredi que Penelope Fillon, une Galloise d'origine qui s'est toujours présentée comme une femme au foyer, avait été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire par son époux puis par son suppléant à l'Assemblée nationale, entre 1998 et 2012.
La pratique n'est pas illégale, sauf s'il s'agit d'un emploi fictif, et c'est ce que le parquet financier de Paris compte éclaircir avec une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel.
Mercredi, François Fillon avait déjà promis qu'il ferait tout pour "faire taire les calomnies". L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a prévu de s'exprimer jeudi soir dans le journal télévisé de TF1, à 20h00, un des rendez-vous traditionnels des téléspectateurs français.
Jeudi matin, un des ses proches, le patron des sénateurs de droite Bruno Retailleau, a assuré que l'avocat de François Fillon allait fournir dans la journée "un certain nombres de pièces" aux enquêteurs.
"Nous donnerons très vite à la justice l'ensemble des éléments", a-t-il dit, "parce que les choses sont trop graves".
"Je vous le dis (...), cette affaire fera pschitt", a-t-il ajouté en usant d'une expression utilisée par l'ancien président de droite Jacques Chirac face à des accusations de billets d'avion payés en liquide quand il était maire de Paris.
Actuellement au coude à coude dans les sondages avec la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, François Fillon considère que ces accusations s'inscrivent dans la "séquence des boules puantes" qui accompagne toutes les élections.
De son côté, le candidat "ni droite ni gauche" Emmanuel Macron, étoile montante de la présidentielle, a été accusé mercredi par des députés d'avoir utilisé l'argent des frais de représentation du ministère de l'Economie, qu'il a occupé entre 2014 et 2016, pour financer le lancement de son mouvement politique, ce qu'il a vigoureusement démenti.
A moins de trois mois de la présidentielle, l'affaire Fillon baptisée #penelopeGate par les réseaux sociaux est pour le moins embarrassante pour le candidat "chevalier blanc" comme le relevait la presse française mercredi matin. "Avis de tempête sur la campagne Fillon", "Penelope Fillon, un boulet dans la campagne", "Fillon dans la tempête après les révélations sur son épouse", titraient les journaux jeudi.
D'autant que le candidat conservateur a fait de sa probité, un axe de campagne pendant la primaire de la droite, face à ses rivaux Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Sa phrase "Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen?", qui visait Nicolas Sarkozy, lui revient désormais comme un boomerang. "Vous imaginez le général de Gaulle employer" son épouse à l'Elysée?, a ironisé mercredi soir l'ancien Premier ministre Manuel Valls qui espère devenir le champion des socialistes à l'issue de la primaire de la gauche, dimanche.
Depuis les révélations du Canard Enchainé, les partisans de François Fillon se sont mobilisés pour le défendre mais peinent à trouver des arguments: une de ses anciennes ministres, Valérie Pécresse, a ainsi estimé jeudi matin qu'il s'agissait d'une "manoeuvre politique", assuré que le candidat de la droite était un "homme intègre", tout en reconnaissant qu'elle "ne savait pas" que son épouse avait exercé comme assistante parlementaire.
De son propre aveu, encore à l'automne dernier pendant la campagne de la primaire de la droite, Mme Fillon revendiquait sa discrétion et être en retrait des activités de son mari.
Personne ne l'a jamais vue à l'Assemblée hormis l'ex-président, Bernard Accoyer, devenu secrétaire général du parti Les républicains qui soutient François Fillon.
L'enquête préliminaire porte aussi sur la réalité d'un emploi rémunéré pendant un an et demi à la Revue des Deux Mondes, une publication littéraire appartenant à un ami de son mari, pour 5.000 euros bruts par mois, entre mai 2012 et décembre 2013.