Plusieurs manifestations récentes en Suède ou au Danemark impliquant des autodafés ou autres profanations du livre sacré musulman ont soulevé des tensions diplomatiques entre les deux pays scandinaves et plusieurs pays arabes.
Soulignant que de telles manifestations faisaient le jeu des extrémistes et semaient la division, le gouvernement danois entend «explorer» la possibilité d’intervenir dans des situations «où, par exemple, d’autres pays, cultures et religions sont insultés, et qui peuvent avoir des conséquences négatives importantes pour le Danemark, notamment en matière de sécurité», a écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Cela doit bien sûr être fait dans le cadre de la liberté d’expression protégée par la Constitution», a-t-il ajouté, soulignant qu’il s’agit de l’une des valeurs les plus importantes du Danemark.
Le ministère danois des Affaires étrangères note que les manifestations ont «atteint un niveau où le Danemark, dans de nombreuses régions du monde, est perçu comme un pays qui facilite l’insulte et le dénigrement des cultures, religions et traditions d’autres pays». Selon lui, le «but principal» de certaines de ces manifestations est de provoquer et «pourrait avoir des conséquences importantes».
Fin juillet, l’Égypte, l’Arabie Saoudite et l’Iran ont convoqué les représentants des missions diplomatiques suédoises dans leur pays. L’Algérie a également convoqué les représentants du Danemark.
«Analyser la situation juridique»
Dans une déclaration séparée, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a déclaré dimanche qu’il avait été en contact étroit avec son homologue danoise Mette Frederiksen, rappelant qu’un processus similaire était déjà en cours en Suède.
«Nous avons également commencé à analyser la situation juridique afin d’envisager des mesures pour renforcer notre sécurité nationale et la sécurité des Suédois en Suède et dans le monde», a rappelé M. Kristersson sur Instagram.
La Suède a ordonné jeudi à ses armées et administrations de renforcer leurs préparatifs contre le terrorisme sur fond de détérioration de la sécurité, après plusieurs épisodes où le Coran a été profané.
Fin juin, Salwan Momika, un Irakien de 37 ans réfugié en Suède, avait mis le feu à des pages du Coran à l’extérieur de la principale mosquée de Stockholm. La semaine dernière, il a de nouveau piétiné et mis en pièces un exemplaire du livre devant l’ambassade d’Irak pour marquer son opposition à ses préceptes.
Conséquences diplomatiques
En réaction à l’autorisation donnée par la police suédoise à la tenue de cet événement, des centaines d’Irakiens ont envahi et mis le feu à l’ambassade de Suède à Bagdad. L’ambassadrice suédoise a été expulsée d’Irak et l’Iran a indiqué qu’il n’accepterait pas de nouvel ambassadeur du pays scandinave sur son territoire.
Fin juillet au Danemark, c’est le mouvement d’extrême droite Danske Patrioter qui a posté la vidéo d’un homme profanant et brûlant ce qui semble être un Coran et piétinant un drapeau irakien.
Après une première initiative similaire quelques jours plus tôt, près d’un millier de manifestants s’étaient rassemblés de nuit à Bagdad. Ils avaient tenté de marcher en direction de l’ambassade danoise, mais la police irakienne les avaient dispersés, à coup de matraques et de tirs de gaz lacrymogènes.
L’Arabie saoudite et l’Irak ont appelé à une réunion extraordinaire, qui devrait se tenir lundi, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) basée à Djeddah pour traiter de la profanation du Coran dans les deux pays scandinaves.