Le drapeau de Cuba, aux couleurs rouge, blanc et bleu, a été ajouté aux étendards d'autres pays à l'extérieur du bâtiment, dans la capitale américaine, a rapporté un photographe de l'AFP. Le drapeau devait également être hissé à la mission diplomatique cubaine de Washington, élevée lundi au rang d'ambassade.
Pour la première fois depuis cinquante-quatre ans, le drapeau cubain flotte sur la capitale des Etats-Unis, Washington. Le régime communiste cubain et son ennemi de toujours américain rétablissent formellement, aujourd'hui, leurs relations diplomatiques, avec la réouverture de leurs ambassades respectives, pour mettre fin à une rupture du dialogue qui dure depuis 1961.
Pour l'occasion, le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a fait le déplacement pour la cérémonie à laquelle cinq cents personnes devraient assister. Une plaque sera dévoilée, officialisant le nouveau statut d'ambassade de la grande villa du 16, rue de Washington qui abritait anciennement la section d'intérêts de Cuba aux Etats-Unis. De l'autre côté du détroit de Floride, le bâtiment qui abrite la représentation diplomatique américaine a été transformé en ambassade, cette nuit, en attendant une visite officielle du secrétaire d'Etat américain, John Kerry.
Encore des points de tensions
Cette réouverture correspond à la conclusion de la «première phase» de la normalisation des relations entre les deux pays, selon le président cubain, Raul Castro. Mais il reste de nombreux points de tensions entre La Havane et Washington, notamment sur la question de l'embargo commercial américain en vigueur depuis 1961 et que le Congrès, dominé par des élus républicains très hostiles, est le seul habilité à lever. Mais le Président cubain s'est voulu optimiste en voyant la journée d'aujourd'hui comme « une nouvelle phase, longue et complexe vers la normalisation des relations. Celle-ci nécessitera de la volonté pour trouver des solutions aux problèmes qui se sont accumulés pendant plus de cinq décennies et qui affectent les liens entre nos pays et nos peuples ».
Les deux pays sont engagés dans ce processus avec des motivations très différentes. D'un côté, les Etats-Unis veulent encourager la libéralisation de la société cubaine et répondre à la pression de la communauté cubaine exilée sur son sol de retrouver des liens avec leurs familles. L'île cubaine, elle, a un besoin vital du « moteur économique » américain pour « actualiser son modèle socialiste sans avoir à faire de réformes politiques ». Si les restrictions sur le tourisme ont déjà été assouplies, la circulation vers l'île va exploser. Des licences ont été accordées à des compagnies de ferries dont les premiers bateaux partiront en septembre, et la première ligne New York-La Havane doit ouvrir cet été.