Le trio est récompensé «pour le développement de la ‘chimie click’ et de la chimie bioorthogonale», a annoncé le jury dans sa décision.
Barry Sharpless, 81 ans, est seulement la cinquième personne à décrocher deux fois un Nobel. Il avait déjà remporté le prix de chimie en 2001 pour ses découvertes sur la technique de la catalyse asymétrique.
La Franco-Polonaise Marie Curie avait été la première au début du XXe siècle (physique 1903, chimie 1911), suivie par l'Américain Linus Pauling (chimie 1954 et paix 1962), l'Américain John Bardeen (physique 1956 et 1972) et le Britannique Frederick Sanger (chimie 1958 et 1980).
Barry Sharpless, basé en Californie, et le Danois de 58 ans Morten Meldal, de l'université de Copenhague, sont sacrés pour leurs travaux pionniers en matière de «chimie click», une nouvelle forme de combinaison de molécules, a expliqué le jury Nobel.
Celle-ci est notamment utilisée pour développer des traitements pharmaceutiques, cartographier l'ADN ou créer de nouveaux matériaux.
L'Américaine Carolyn Bertozzi, 55 ans, est, elle, sacrée pour l'invention de la chimie bio-orthogonale, une réaction chimique décrite comme pouvant être initiée dans un organisme vivant, mais sans perturber ou changer sa nature chimique.
«Je suis absolument stupéfaite. Je suis assise là et j'ai du mal à respirer», a confié la lauréate jointe par le jury.
Elle devient la huitième femme à remporter le prix de chimie, succédant à la Française Emmanuelle Charpentier et à l'Américaine Jennifer Doudna (2020).
«Le prix en chimie de cette année concerne des choses pas excessivement compliquées, en utilisant plutôt ce qui est facile et simple», a affirmé Johan Åqvist, un des membres du comité Nobel en chimie.
«Des molécules efficaces peuvent être construites en prenant une voie évidente», a-t-il salué en référence à la «chimie-click» et à la chimie «bio-orthogonale».
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L'an dernier, l'Allemand Benjamin List et le Britannique David Macmillan avaient été sacrés en chimie pour avoir inventé un nouveau type de catalyseurs pour fabriquer de nouvelles molécules, à moindre coût et de façon plus propre.
Après un millésime 2021 très masculin (12 hommes et une femme, aucune pour les prix scientifiques), l'année 2022 avait continué sur cette tendance, avec les Nobels du Suédois Svante Päabo en médecine et d'Alain Aspect (France), John Clauser (Etats-Unis) et Anton Zeilinger (Autriche) en physique.
Comme les autres Nobel, le prix de Chimie est doté de 10 millions de couronnes (environ 920.000 euros), à partager en cas de colauréats.
Lundi, Svante Pääbo, père de l'homme de Denisova et découvreur de l'ADN de l'homme de Néandertal, a été sacré pour ses travaux fondateurs d'une nouvelle science, la paléogénomie.
Mardi, Alain Aspect, Anton Zeilinger et John Clauser ont gagné le Nobel de physique pour leurs découvertes sur le mécanisme révolutionnaire de «l'intrication quantique», donnant tort sur ce phénomène improbable de la mécanique quantique à Albert Einstein lui-même.
La semaine se poursuit avec les deux prix les plus attendus, celui de littérature jeudi et de la paix vendredi, seul décerné à Oslo.
La remise des prix se termine lundi avec le moins ancien prix d'économie, seul à ne pas avoir été prévu au testament de l'inventeur suédois Alfred Nobel, fondateur des récompenses.