L'avion papal devait décoller de Rome à 10h45 (08h45 GMT) et atterrir au Caire à 14h00 (12h00 GMT) pour une visite éclair de 27 heures dans un pays placé sous état d'urgence après deux attaques contre des églises coptes qui ont fait 45 morts le 9 avril, revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Toutes les églises d'Egypte ont été placées sous haute surveillance dans la crainte d'un attentat durant le voyage du pape, dont les déplacements seront ultra-sécurisés, selon des sources de sécurité égyptiennes.
"S'il vous plaît, priez pour mon voyage demain comme pèlerin de paix en Egypte", a tweeté jeudi le souverain pontife.
La menace est omniprésente: les jihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, majoritairement orthodoxes, qui représentent environ 10% des 92 millions d'Egyptiens.
En décembre, un autre attentat suicide à la bombe revendiqué par l'EI avait déjà fauché 29 personnes dans l'église copte Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, où François se recueillera pour une prière oecuménique en fin de journée avec le pape de l'Eglise copte orthodoxe, Tawadros II.
A son arrivée en Egypte, François se rendra en premier lieu au palais présidentiel pour une courte visite privée avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.
Largement soutenu par les chrétiens d'Egypte après le renversement de l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, l'ancien chef de l'armée a été le premier président égyptien à se rendre à la messe de Noël à la cathédrale copte orthodoxe du Caire.
Une nouvelle législation sur les églises, qui en remplace une autre très restrictive héritée de l'époque ottomane, a en outre été promulguée en 2016 pour faciliter les procédures de construction d'églises. Elle ouvre la voie à la légalisation de nombreuses églises construites sans autorisation et parfois investies par des fidèles musulmans.
“Réchauffer les relations glaciales entre Al-Azhar et le Vatican”
Temps fort de la journée, le pontife argentin donnera l'accolade au grand imam de la mosquée d'Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, avant de prononcer un discours à une "conférence internationale de paix" organisée par la vénérable institution islamique.
Vieille de presque mille ans, elle héberge une université et des écoles attirant des étudiants du monde entier. Les dignitaires de ce bastion traditionnel de l'islam sunnite vouent une haine profonde au jihadisme inspiré du salafisme rigoriste dominant en Arabie saoudite. Mais Al-Azhar est également au coeur d'une lutte entre les autorités politiques et religieuses, depuis que M. Sissi fait campagne pour des réformes visant à éradiquer le discours extrémistes de la sphère religieuse.
L'institution religieuse a par exemple refusé d'amender la pratique islamique des divorces prononcés de manière orale.
La visite du pape au Caire vise aussi à réchauffer dix ans de relations glaciales entre Al-Azhar et le Vatican, qui s'étaient crispées après des propos controversés du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence lors d'un discours en 2006 à Ratisbonne (Allemagne).
L'institut cairote avait ensuite gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat-suicide meurtrier contre une église copte orthodoxe.
Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes symboliques d'ouverture envers les musulmans, au point de déconcerter parfois certains fidèles chrétiens. Il s'est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d'un déplacement sur l'île grecque de Lesbos.
Le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques célébrera samedi une messe dans un stade militaire de la banlieue du Caire pour la très minoritaire communauté catholique égyptienne, 272.000 fidèles de différents rites déterminés à lui offrir un accueil mémorable.