Le sabre laser des chevaliers Jedi relève encore de la fiction mais les canons lasers équipant les vaisseaux spatiaux de la célèbre série ont déjà des cousins encore balbutiants mais bien réels, sur les véhicules ou avions militaires américains.
Boeing, Lockheed Martin, Northrop Grumman, Raytheon, tous les grands industriels de la défense américaine sont en train de développer des prototypes pour l'armée américaine.
La Marine teste depuis 2014 un laser de 30.000 watts (30 kW) sur l'un de ses navires de guerre, l'USS Ponce. Lockheed Martin vient d'annoncer avoir mis au point un laser d'une puissance de 60 kW, qui sera installé dans les prochaines semaines sur un camion de l'armée de terre américaine pour être testé contre des mortiers ou des petits drones.
Ce laser peut irrémédiablement endommager un petit drone "à environ 500 mètres", en restant focalisé sur son objectif pour une durée de l'ordre de "quelques secondes", expliquait cette semaine à des reporters Jim Murdoch, un responsable de la division navale et aéronautique de Lockheed Martin.
Contrairement au cinéma, le rayon laser de ces armes futuristes est invisible à l'œil nu. En produisant une intense chaleur à son point d'impact, le laser peut casser la structure d'un drone ou faire exploser une munition déjà lancée.
Pour l'instant, les lasers testés par les différents services de l'armée américaine sont dans cette gamme de puissance de quelques dizaines de kW.
Mais, pour Mark Gunzinger, un expert du CSBA, un centre d'études spécialisé sur la Défense à Washington, l'industrie sera capable de produire et d'expérimenter sur le terrain "d'ici trois à quatre ans, peut-être même plus tôt" des prototypes de lasers plus puissants, de 150 kW et plus.
Un tel laser sera par exemple capable "d'abattre un missile de croisière", à condition de le frapper latéralement, dans sa zone vulnérable, explique-t-il.
Les forces spéciales de l'armée américaine veulent ainsi tester un laser de 150 KW "en 2019 ou 2020" sur l'AC-130, un avion bombardier spécialisé dans l'appui des troupes au sol, explique Mark Gunzinger.
D'ici six à huit ans, les militaires américains devrait pouvoir compter sur des lasers de plus de 300 kW, capable de perforer la tête d'un missile de croisière et de frapper des cibles à plusieurs kilomètres de distance, explique-t-il.
A terme, la réalité se rapprochera un peu plus encore de la fiction. L'armée américaine réfléchit à la possibilité monter des lasers sur des drones volant à très haute altitude, capable d'éliminer depuis le ciel des missiles balistiques juste après leur lancement ou en dans leur phase ascensionnelle.
Pour l'armée, les lasers présentent aussi l'avantage de disposer d'une capacité quasi-illimitée de munitions, puisqu'ils n'ont besoin que d'électricité pour fonctionner.
Mark Gunzinger juge les lasers particulièrement prometteurs pour les avions de combat qui "n'auraient plus besoin de retourner à leur base pour refaire le plein de munitions" explique-t-il.
L'avion "aurait seulement besoin d'un ravitaillement aérien" pour pouvoir continuer à produire de l'électricité et recharger son laser, ajoute l'expert en armement, estimant que cette technique pourrait "changer l'art de la guerre aérienne".
Mais avant de pouvoir s'intégrer sur des avions de combat, les lasers et leurs équipements ont encore besoin de se miniaturiser car ils restent encore très encombrants.
Lockheed Martin réfléchit à augmenter la puissance du laser de 60 kW qui va être monté sur un camion de l'US Army, explique James Murdoch.
"Mais nous allons nous heurter à des limites physiques: nous n'aurons pas assez d'espace" pour les batteries et le système de refroidissement du laser, qui s'échauffe très fortement au moment du tir, a-t-il indiqué.
Militaires et industriels affirment en fait qu'il ne manque plus qu'une chose pour faire entrer rapidement les armes lasers dans l'arsenal américain: les financements du Congrès.
Les parlementaires restent prudents, échaudés par la très coûteuse aventure d'un laser expérimental monté sur un Boeing 747 pour être utilisé dans la défense anti-missile.
Ce laser était produit chimiquement, à la différence des lasers produits par fibre optique d'aujourd'hui. Plus de cinq milliards de dollars avaient été engloutis dans l'expérience, avant qu'elle ne soit arrêtée en 2012, après dix ans d'essais.