"La société algérienne est submergée par l’islamisme». Les propos sont de l’écrivain algérien Rachid Boudjedra. Dans un entretien accordé au magazine Le point Afrique, ce grand auteur revient sur le traquenard de la caméra cachée d’Ennahar TV dont il a été victime. «C'est un acte terroriste», dira t-il lorsqu’il qualifie ce qui lui est arrivé ce jour-là. Sa femme kidnappée, lui traité d’athée, l’animateur qui lui demande de prononcer «Allahou Akbar».
Une mise en scène de très mauvais goût qui a attisé la colère de cet écrivain de 76 ans. Rachid Boudjedra a décidé de porter plainte contre la chaîne de télévision privée algérienne réputée proche des cercles du pouvoir.
Des médias, du Maghreb au Moyen-Orient, ont dénoncé une «opération à la mode daeshienne». Pour Rachid Boudjedra, «cela reflète une grave dégradation de l'état moral de la société, une déliquescence. Je pense que, même si la société est opposée à l'islamisme armé, elle est submergée par l'islamisme».
L’auteur de «la Répudiation» considère ainsi que l’islamisme est très vivace en Algérie. «Il est évident que beaucoup de jeunes restent fascinés par l'islamisme, et parfois par le terrorisme islamiste». Rachid Boudjedra de poursuivre : «Les islamistes sont très riches. Qui, par exemple, contrôle aujourd'hui l'économie informelle ? Ce sont eux, majoritairement. C'est pour cela qu'on se retrouve dans un véritable désastre social ! Et nous, en tant qu'élite, nous sommes désemparés».